Automédication, 1,5 milliard et demi d’économies à réaliser

Publié le 17/03/2016
Le recours à l’automédication permettrait de générer des économies pour l’assurance maladie. Il fluidifierait également le parcours de soins. Panel de nouvelles mesures proposées par les fabricants d’OTC.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Comment désengorger les cabinets des généralistes ? Il suffirait de les décharger de la prise en charge des pathologies bénignes. Par le recours à l’automédication. Le parcours de soins serait fluidifié, avec à la clef un milliard et demi d’euros d’économies potentielles. C’est une préconisation de l’Afipa (Association des fabricants de médicaments vendus sans ordonnance) qui a révélé une étude du cabinet OpenHealth le mardi 15 mars.

Adhésion des patients ?

Ce cabinet a chiffré ces économies à partir des consultations médicales et des remboursements des médicaments par l’assurance maladie. À partir d’un ancien rapport de l’ANSM, une liste de pathologies bénignes a été dressée, spécialement adaptées à un usage en automédication. Un certain nombre d’entre elles comme les acnés mineures et modérées, la constipation occasionnelle de l’adulte, les toux sèches et d’irritation seraient complètement déremboursables, selon les auteurs de l’étude. Ceux-ci dénombrent même 90 molécules qui deviendraient accessibles sans prescription si la France s’alignait sur les pratiques des autres marchés européens. Ainsi, 91 % des Français se sentent capables de gérer seuls des problèmes de santé simples. D’ailleurs, pour 92 % d’entre eux, les symptômes ont disparu sans qu’ils aient eu besoin de consulter un médecin. 79 % d’entre eux reconnaissent même que le système de santé français est en danger. Enfin, 60 % des patients seraient prêts à assumer eux-mêmes leur prise en charge, sans passer par un remboursement ou par un médecin. Ils seraient d’autant plus enclins à régler la facture que le prix moyen du médicament est de 4,69 euros, contre 6,16 euros en moyenne dans le reste de l’Europe. Par ailleurs, un Français sur deux interrogés n’hésite pas à demander conseil à son pharmacien en cas d’automédication.

Des médecins saturés

Quel est le point de vue des généralistes interrogés sur l’OTC ? Selon eux, 16 % des patients vus en consultation pourraient être traités par automédication. Presque 60 % d’entre eux sont d’avis que l’automédication serait en mesure de désengorger leur cabinet, réduire les dépenses de santé (53 %) et se recentrer sur des problèmes de santé plus lourds comme les pathologies chroniques (63 %). La sursaturation ne guette pas que les généralistes (dont la démographie médicale a décru de plus de 10 % en presque dix ans) qui reçoivent 150 patients par semaine en moyenne. Elle concerne aussi les services d’urgence dont le taux d’occupation est de 108 %.

Mesures

Afin de modérer l’impact financier sur les patients, l’Afipa préconise d’aligner le taux de TVA appliqué aux médicaments d’automédication fixé à 10 % sur celui affecté aux médicaments de prescription, soit 2,1% et une dépense supplémentaire de 60 millions d’euros pour l’Etat. L’association propose aussi d’inclure l’automédication à la couverture maladie universelle (CMU) afin que les personnes à faibles ressources aient accès à l’OTC sans payer.

Depuis de nombreuses années, l’Afipa fait appel au Gouvernement pour mettre en œuvre une réelle politique de déremboursement des molécules traitant les pathologies bénignes. Selon l’association, la part du marché français de l’OTC représente 15,4 % des médicaments en volume, contre une moyenne de 32,3 % pour sept pays européens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Suède et Royaume-Uni). D’ailleurs, la ministre de la Santé a réagi à cet appel. Elle souhaite maîtriser la consommation de médicaments, mais pas dérembourser. Et de rappeler : « Il n’y a pas eu et il n’y aura pas d’économies sur le dos des patients. » Le statu quo va-t-il se prolonger en 2017 ?


Source : lequotidiendumedecin.fr