Tribune Jean-Pierre Blum

Parcours de soins, la proximité est l’alliée de l’efficacité

Publié le 20/08/2021

« Si la dématérialisation digitale envahit nos esprits et modifie nos comportements, jamais elle ne pourra remplacer le contact humain et l’intelligence naturelle de situation, notamment s’agissant des affections de longue durée chez les seniors. » C’est le credo largement partagé par les soignants de Marie-Paule Massain-Dufour, infirmière libérale à Sainte-Clothilde (Réunion) où elle prodigue soins, conseils et aides de toutes natures depuis plusieurs années dans des quartiers plutôt défavorisés que sont Mouffa et Chaudron.

Cette motarde convaincue, adepte des grosses cylindrées pétaradantes, représente à elle seule tout le potentiel d’accompagnement des infirmiers(ères) au sein de l’écosystème soignant centré sur le patient. Son parcours professionnel est, à tous points de vue, exemplaire. Aide-soignante à l’origine – fonction aussi difficile qu’elle est éclairante sur la condition des patients, elle obtient son diplôme d’infirmière. Elle poursuit sa formation, notamment dans le cadre de l’Institut de cancérologie et d’immuno-génétique des professeurs Geoges Mathé et Léon Schwarzenberg, inventeurs de la greffe de moelle osseuse. Sa spécialisation se renforce en thérapeutique appliquée, urgences et cardiologie. Dès lors, elle revient sur ses terres natales, La Réunion, département où sévissent particulièrement diverses ALD, dont l’obésité, la diabète et l’hypertension au sein d’une population trop souvent oubliée de la Métropole.

Avec des moyens techniques et de communication moins performante que dans les grandes agglomérations, la solidarité est indispensable. Il convient, dès lors, d’inventer des « chemins de pertinence » qui, dans ce cas, passent par le concept « d’équipe » soignante. Celle-ci, naturellement constituée, comprend l’infirmière pivot de liaison, le médecin de famille, le pharmacien, le kinésithérapeute, les services sociaux à domicile, le laboratoire d’analyse. Avec le temps et le constat de besoin, tous ont appris à se connaître et à travailler de concert. Conscientes de ces nécessités et pour être plus efficaces et disponibles pour les patients, les infirmières libérales qui ont rejoint Marie-Paule Massain-Dufour travaillent par principe depuis l’origine en équipe et en concertation.

L’Etat et ses administrations ont une propension démesurée à produire des outils et des contraintes mal adaptées aux nécessités de terrain. Le problème n’est pas ce qu’on pourra faire dans cinq ans mais bien ce qu’on doit faire demain devant un patient en chair, en os et en souffrance.

L’infirmier(ère) est devenu(e) naturellement – par obligation éthique – le(la) coordinateur(trice) du programme de soins et de santé sous l’impulsion et en synergie avec ses pairs. Il(elle) est devenu(e) le support – d’aucun dirait la lumière – dans un océan d’indifférence et d’anonymat numériques.

« Qui peut mieux informer avec des mots simples et compréhensibles, détecter, éduquer, expliquer, alerter, transmettre, améliorer, prendre du temps ? »

Autant d’erreurs qu’il(elle) contribue à éviter, autant de temps gagné pour une meilleure compréhension, une observance optimisée. Autant d’économies réalisées car « si l’on veut faire bien, mieux vaut le faire bien du premier coup ». Dès lors, les outils numériques adaptés aux métiers – et non l’inverse -, partagés avec ses pairs, s’ils sont naturellement faciles d’usages, sécurisés, interopérables et accessibles seront des alliés de l’efficacité pour rendre le temps des soins plus efficient.

En fin de compte ce qui importe est de mieux soigner au meilleur coût pour la collectivité dans un souci de dignité humaine. En ce sens la sante doit demeurer un investissement solidaire. On appelle cela une vocation pas une gestion comptable.


Source : lequotidiendumedecin.fr