Quand les objets connectés propulsent le diabète dans l’ère du 2.0

Publié le 13/05/2015
Dans le sillage de la généralisation de l’Internet des objets (IOT), les objets connectés se multiplient dans tous les secteurs d’activité. Et s’apprêtent à bouleverser les modes de vie, les modèles économiques et vont même jusqu’à transformer le rapport à la santé. C’est le cas avec les diabétiques.

Montre, voiture, lit, cuillère, tout devient connecté. Y compris le monde de la santé.  Il est passé par là ce paradigme attrape-tout qu’est l’Internet. Après avoir fluidifié les processus médicaux et de gestion des flux administratifs, il s’attaque au quotidien même dont il se met au chevet. Grâce au concept de l’Internet des objets. Venu tout droit des États-Unis il y a quelques années, il est progressivement au service de différentes causes. Parmi celles-ci, la prise en charge des diabétiques. Une maladie qui touche près de 350 millions de patients, selon les chiffres de l’OMS.

Comment gérer et soigner efficacement cette pathologie chronique à surveiller de près ? Depuis de nombreuses années, les professionnels du diabète mettent au point des dispositifs médicaux pour améliorer le suivi des patients et leur confort. Des dispositifs qui évoluent en fonction de l’état de l’art technologique. Ainsi, l’ère de l’Internet des objets plonge le diabète dans un univers 2.0. Désormais, la panoplie des outils traditionnels utilisés pour soigner cette pathologie bénéficient d’une version connectée. C’est le cas, par exemple, des lecteurs de glycémie connectés. Les principaux fabricants de ces composants sont désormais à la page. iHealth propose ainsi sur le marché un glucomètre permettant aux diabétiques de vérifier leur glycémie rapidement. Il se synchronise avec une application : MyVitals. Celle-ci permet à son utilisateur d’enregistrer jusqu’à 500 indications, de noter des données de santé, de s’envoyer des rappels et de surveiller les dates de péremption des languettes de test. Quant à Sanofi, il a lancé l’application iBGStar DMA, accessible à partir d’un Smartphone. De même, il travaille à l’élaboration  d’un nouvel applicatif de gestion du diabète : MyStar DMA, attendue en cette année 2015. Au menu, de nouvelles fonctionnalités de compte-rendu et de suivi des indicateurs-clés du diabète.

Gratuite, l’application iBGStar Diabetes Manager charge les données à partir de l’iBGStar du patient pour assurer le suivi de ses glycémies pour une analyse des tendances et des variations. Et permet de mieux appréhender la gestion active de la pathologie. Si le malade le souhaite, cette solution a également la possibilité de transmettre des résultats à un professionnel de santé. Avec des commentaires associés sur l’hygiène de vie, elle peut aussi expliquer les résultats inhabituels.

Dans la même veine, la solution Bee constitue un objet connecté pour le suivi des glycémies et des injections.

Couteau suisse

Grâce au dispositif Bee de la société Vigilant, les diabétiques peuvent calculer le taux de sucre dans le sang, analyser les moyennes des glycémies et des injections d’insuline longues et rapides. Utilisable avec ou sans un Smartphone permettant de collecter toutes les données glanées, il est compatible avec les solutions de différents fabricants de stylos à injections.

À côté de ces dispositifs auxquels viennent s’ajouter ceux de Bayer et d’Abbott, des applications ont été développées. « Le diabète a inspiré les développeurs d’application pour smartphones puisque la société dmdSanté qui les recense et les évalue, en a recensé 486. Soit 15 % du marché global des applications santé. 60 % sont gratuites et 40 % sont payantes (prix moyen 2,50 euros) », précise Guillaume Marchand, président de dmdSanté, cité par le Blog Buzz Médecin.

Il est vrai, de nombreuses applications sont aujourd’hui présentes sur le marché, tout particulièrement dans un environnement Smartphone. Pour le diabète de type 1, Diabé’TEAM apporte une aide à la gestion de l’alimentation et à l’adaptation des doses d’insuline pour les patients concernés. Porté par l’association Enfance-Adolescence Diabète Midi-Pyrénées, cette solution permet d’effectuer un calcul du nombre de glucides contenus dans le repas et la dose d’insuline à injecter. Chaque utilisateur compose son repas tout en spécifiant les quantités à consommer. Et l’outil se charge d’analyser cette nourriture et affiche la quantité de glucides, de fibres et de lipides qui y sont contenues. Ce qui lui permet, par la suite, d’évaluer la dose d’insuline à injecter pour le repas.

Quant aux patients traités par insuline, ils ont également leur solution connectée  : Gluci-chek. L’outil a la particularité d’avoir été développé par une équipe pluridisciplinaire composée de professionnels de santé et de diabétiques. Sa vocation : calculer la valeur glucidique des repas et enregistrer les événements susceptibles d’influencer la glycémie : le stress, le sport, etc. Elle permet à son utilisateur d’accéder à une base de données qui regroupe des centaines d’aliments et des informations nutritionnelles (valeur énergétique, teneur en protéines, fibres, lipides, etc.). Outil de dialogue, Gluci-chek offre également la possibilité à ses utilisateurs de produire un commentaire personnel sur chaque aliment. Ce qui permet de générer une synthèse hebdomadaire ou mensuelle des événements exploitable dans le cadre d’un futur rendez-vous chez le professionnel de santé.

Sans attendre l’arrivée de l’Apple Watch sur le marché, certains développeurs d’applications ont commencé à mettre au point des outils de prise en charge du diabète dans cet environnement. C’est le cas de DexCom, une société spécialisée dans les appareils de mesure du taux de glucose. Avec la sortie de cet environnement, elle propose aux personnes atteintes de diabète un espace de consultation de leur taux de glucose directement depuis l’Apple Watch, cela grâce à un graphique adapté à une consultation rapide, sans avoir à dégainer leur boîtier dédié.

Si la montre de la firme à la pomme est généraliste et adaptable à différents cas d’application, Sugar est une horloge intelligente dédiée aux diabétiques. Conçue par Bolt Group, elle permet d’éviter les malaises entraînés par la hausse du taux de glycémie. Et renseigne le patient sur le moment idéal pour une injection d’insuline. En fait, cette montre permet d’évaluer son niveau de sucre à toute heure, grâce à son lecteur de glycémie que le malade doit positionner sur son ventre. Les données glanées par les deux objets sont envoyées via Bluetooth au Smartphone de l’utilisateur. Il peut ainsi suivre et analyser son niveau de glucose. Et cerner davantage la réaction de son corps en fonction de son alimentation et de ses activités journalières.

Podomètre et rythme cardiaque

Par ailleurs, à l’instar des autres montres connectées, outre les informations concernant le taux de sucre, cette application mobile permet au porteur de se renseigner sur le nombre de pas qu’il effectue quotidiennement et sur son rythme cardiaque.

Enfin, les détenteurs de la solution Sugar ont la possibilité d’utiliser la montre connectée avec les lentilles oculaires conçues par Google et le groupe pharmaceutique Novartis pour mesurer le taux de glycémie des diabétiques. Elles ont vocation à contrôler le niveau de sucre de leurs utilisateurs. Pour arriver à leur fin, elles sont équipées d’un détecteur de glucose permettant d’évaluer en temps réel le taux de sucre dans le liquide lacrymal de l’œil. En les connectant à la montre Sugar et à ses capteurs, ces lentilles sauront envoyer des informations plus précises sur le niveau de glycémie d’une personne.

Observance optimale

On le voit, ces différents objets connectés ont pour finalité le suivi et l’amélioration des conditions de vie des diabétiques, notamment en leur évitant de remplir un carnet journalier de leurs indicateurs en matière de glucide. À ces applications viennent s’ajouter des outils de télémédecine comme l’application Diabeo. Elle a été développée par l’équipe d’endocrino-diabétologie du centre hospitalier sud-Francilien (CHSF). Elle est téléchargeable sur téléphone portable et concerne les patients diabétiques de type 1. Elle facilite le suivi de leur traitement et alerte l’équipe médicale en cas d’irrégularité. Selon ses concepteurs, elle a également pour finalité de renforcer le lien médecin/patient grâce à une transmission automatique des résultats. À cette fin, un  outil d’analyse automatique est intégré : il alerte le professionnel en cas d’anomalies (hypo- ou hyperglycémies, par exemple) trop fréquentes. Dix-neuf messages d’alertes différents sont définis.

Enfin, ces différents objets connectés produisent des chiffres multiples à gérer. La plate-forme Umanlife se propose de prendre en charge progressivement l’ensemble de ces objets connectés en vue de fédérer leur gestion dans un guichet unique. « D’ores et déjà, nous gérons le lecteur de glycémie et iHealth, en attendant la prise en compte des autres dispositifs. Plus généralement, notre plate-forme gère l’ensemble des objets connectés au service du diabétique », rappelle Alexandre Ple, fondateur de cette plate-forme.

Source : lequotidiendumedecin.fr