En pratique

Quels outils numériques pour les médecins ?

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Publié le 13/03/2023
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Le médecin, qu’il travaille seul ou non, dispose aujourd’hui d’un panel d’outils numériques qui visent à faciliter sa pratique quotidienne : logiciels d’aide à la prescription, prise de rendez-vous en ligne, télémédecine… Le Généraliste fait le point sur ces différents dispositifs.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les logiciels de gestion du cabinet

Les logiciels de gestion de cabinet (LGC) ou logiciels métier permettent au médecin d’automatiser certaines tâches telles que la gestion de ses rendez-vous, les dossiers patients, les ordonnances, voire un logiciel d’aide à la prescription ou la facturation Sesam-­Vitale et la lecture des cartes Vitale via un lecteur connecté.

Les LGC connaissent une importante évolution avec le Ségur du numérique et leur référencement Ségur. Les logiciels dits « Ségur » doivent en effet proposer les mêmes services socles : un accès simplifié au dossier médical partagé (DMP) des patients et son alimentation avec en particulier le volet de synthèse médicale (VSM) ; une messagerie sécurisée de santé (MSS) ; l’e-prescription ; l’identité nationale de santé (INS) afin de sécuriser la circulation et le classement des documents ; Pro santé connect qui permet l’identification des professionnels de santé ; l’utilisation de l’appli carte Vitale (apCV). Ces fonctionnalités s’ajoutent à celles déjà proposées par les logiciels métier. Actuellement, 15 LGC ont obtenu leur référencement dans le cadre de la vague 1 du Ségur numérique.

Pour rappel, les médecins de ville avaient jusqu’au 30 novembre 2022 pour signer le bon de commande de la mise à jour de leur logiciel et les éditeurs ont jusqu’au 28 avril 2023 pour les installer.

Les logiciels d’aide à la prescription

Selon la Haute Autorité de santé (HAS), « un logiciel d’aide à la prescription (LAP) est un logiciel dont au moins une des fonctions permet d’élaborer et d’éditer les prescriptions médicales ». Les LAP visent donc à aider les médecins à prescrire les médicaments de façon fiable et sécurisée en leur fournissant des informations médicales. La certification des LAP en médecine ambulatoire est facultative mais apporte une garantie complémentaire au marquage CE en termes de sécurité, de qualité et d’efficience de la prescription médicale.

Un LAP certifié répond ainsi à plusieurs objectifs. Il permet d’améliorer la sécurité de la prescription en réduisant le risque de iatrogénie médicamenteuse grâce à des alertes sur les contre-indications, les interactions médicamenteuses, les dépassements de posologie…

Il participe aussi à l’amélioration de l’efficience des traitements par l’affichage des prix des médicaments et de leur prise en charge par l’Assurance maladie, mais aussi de leur appartenance au répertoire des génériques ou à la liste des bio­similaires. Le LAP peut d’ailleurs leur indiquer les motifs de non-substitution. Le LAP favorise également le respect de la réglementation, notamment pour les médicaments qui ne peuvent être prescrits que sous certaines conditions.

Le volet « Équipement du cabinet » de l’actuel forfait structure comprend d’ailleurs l’indicateur « Disposer d’un logiciel métier avec logiciel d’aide à la prescription certifié par la HAS et compatible DMP ».

Les LAP peuvent être intégrés au logiciel de gestion du cabinet.

Prises de rendez-vous en ligne

Depuis plusieurs années, les solutions de prise de rendez-vous en ligne se sont multipliées. Le principe ? Permettre aux patients de prendre sur internet un rendez-vous auprès de son médecin en quelques clics, sans avoir à appeler le cabinet médical. Ces solutions permettent de réduire le temps de secrétariat consacré à la prise de rendez-vous et à la tenue de l’agenda. Elles nécessitent une connexion internet du cabinet.

Le médecin peut paramétrer son agenda, par exemple en ouvrant uniquement certains créneaux aux patients, ou bien encore en proposant des plages horaires pour des téléconsultations et d’autres pour les consultations en présentiel. Les solutions de prise de rendez-vous en ligne permettent de donner des informations pratiques aux patients (adresse, code d’entrée…) mais également de connaître le motif de la consultation et savoir si le patient est nouveau. Les rendez-vous sont automatiquement intégrés à l’agenda électronique du médecin, qui dispose ainsi d’une vision d’ensemble. La solution envoie aussi des confirmations et des rappels aux patients.

Les principales plateformes de rendez-vous en ligne proposent aussi des solutions de téléconsultation. Leurs tarifs sont généralement mensuels.

La télémédecine

L’article R6316-1 du code de la santé publique définit cinq actes de télémédecine, c’est-à-dire des actes médicaux réalisés à distance au moyen d’un dispositif utilisant les technologies de l’information et de la communication. Il s’agit de la téléconsultation, la télé-expertise, la télésurveillance médicale, la télé-assistance médicale et la réponse médicale.

La télémédecine a été expérimentée jusqu’en 2018. C’est la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2018 qui fait entrer la téléconsultation dans le droit commun de l’Assurance maladie. L’avenant 6 de la convention médicale, signé le 14 juin 2018, permet le remboursement des actes de téléconsultation. Ceux-ci sont ouverts à tous les patients et sur tout le territoire depuis le 15 septembre de cette même année. Les syndicats médicaux et l’Assurance maladie ont également élaboré une charte de bonnes pratiques de la téléconsultation.

Selon le code de la santé publique, la téléconsultation « a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient ». Un professionnel de santé (infirmier, pharmacien…) peut être présent auprès du patient et si besoin assister le médecin au cours de la téléconsultation. Celle-ci peut avoir lieu depuis le domicile du patient, une cabine de téléconsultation (par exemple dans une pharmacie d’officine), un Ehpad. Le tarif de la téléconsultation est identique à celui d’une consultation en face-à-face, avec la transmission d’une feuille de soins au patient et, si nécessaire, d’une prescription.

La téléconsultation doit être effectuée par vidéotransmission via une plateforme vidéo sécurisée. Le médecin doit donc disposer d’un ordinateur équipé d’une webcam, d’une liaison internet à haut débit et d’un accès à une plateforme de téléconsultation. La LFSS pour 2023 soumet les sociétés de téléconsultation salariant des médecins à l’obtention d’un agrément pour exercer leur activité. Les plateformes non agréées ne pourront pas facturer les actes à l’Assurance maladie. Un décret doit définir les conditions d’agrément.

Le médecin peut proposer une téléconsultation à tout patient mais son remboursement doit répondre à plusieurs conditions : l’acte doit s’inscrire dans le respect du parcours de soins coordonnés avec orientation préalable du médecin traitant ; « le suivi régulier et de qualité des patients implique une alternance nécessaire de consultations en présentiel et de téléconsultations », précise l’Assurance maladie ; la téléconsultation doit s’inscrire dans une logique territoriale de réponse aux soins.

Pour autant, des exceptions existent pour les patients n’ayant pas de médecin traitant ou dont celui-ci est indisponible dans un délai compatible avec leur état de santé, les patients en situation d’urgence, les détenus, les personnes résidant en Ehpad ou dans des établissements accueillant ou accompagnant des personnes adultes handicapées.

Actuellement, la téléconsultation et la télé-expertise ne peuvent pas représenter plus de 20 % du volume d’activité du médecin par an.

Les objets connectés

Un objet connecté est un objet relié à internet via un système de communication sans fil. Ce qui permet de communiquer à distance, sur ordinateur, tablette, smartphone, des informations. Les objets connectés en santé sont désormais nombreux. Beaucoup peuvent être utilisés dans le cadre d’une téléconsultation mais aussi dans les cabinets. On peut notamment citer les oxymètre, stéthoscope, tensiomètre, électrocardiogramme (ECG), dermatoscope, otoscope, glucomètre, spiromètre, voire échographe. Grâce à leur connexion, ces appareils médicaux transmettent des données de santé au médecin afin qu’il puisse établir un diagnostic.

Les objets connectés peuvent également permettre un suivi ou une télésurveillance de patients chroniques. Par exemple, une balance connectée offre la possibilité de surveiller le poids de patients atteints d’insuffisance cardiaque et de détecter, en complément d’un questionnaire pour évaluer les symptômes, les risques de complication. Le télésuivi des patients est, pour l’instant, réservé aux équipes hospitalières, mais il pourrait être mené par des équipes soignantes en ville. L’article 36 de la LFSS pour 2022 a permis l’entrée en vigueur d’un modèle de droit commun spécifique à la télésurveillance et, par conséquent, le remboursement de solutions de télé­surveillance médicale qui apportent un bénéfice clinique ou améliorent l’organisation des soins.

Pour être prises en charge, les solutions doivent notamment répondre à des obligations de sécurité et d’inter­opérabilité et obtenir un certificat de conformité. Les activités de télésurveillance médicale doivent également être déclarées aux agences régionales de santé.


Source : lequotidiendumedecin.fr