Le Smartphone pourrait-il devenir le stéthoscope de demain ? Ne souriez pas. Au vu de la déferlante d’applications qui a débarqué dans l’univers de la santé ces derniers mois, la question n’est pas tout à fait absurde. Alors que les médecins sont de plus en plus accros à Internet, plus d’un généraliste sur deux déclare désormais posséder un Smartphone, selon une étude menée par le Cessim en 2012. Ils étaient à peine 30 % deux ans auparavant ! Pas de doute, l’engouement des médecins pour le téléphone qui « surfe » est bien là, même si le généraliste semble plus résister aux nouvelles technologies que ses confrères. Les spécialistes sont en effet 61 % à posséder un Smartphone et les pharmaciens 58 %.
Signe que le phénomène prend de l’ampleur : le Vidal, en collaboration avec le Conseil national de l’Ordre des médecins, a travaillé à la réalisation d’un deuxième baromètre sur les « médecins utilisateurs d’un Smartphone dont la dernière livraison devait être publiée cette semaine. Selon cette enquête, un peu plus de six médecins sur dix (66 %) utilisant un Smartphone possèdent en réalité un iPhone. C’est un peu moins qu’en 2012 (- 4 points). Ils sont par contre plus nombreux à posséder un Androïd (28 % en 2013 contre 18 % en 2012). On apprend également que la quasi-totalité (94 %) d’entre eux en fait un usage professionnel. « Dans un contexte marqué par la baisse du nombre de secrétaires dans les cabinets, le Smartphone est en passe de devenir, au même titre que le web, un véritable outil de gestion de leur agenda professionnel », conclut le baromètre. 81 % des médecins l’utilisent avant tout pour les fonctions de l’agenda. 37 % se servent également du dictaphone.
Une offre foisonnante
Tentés par une offre de plus en plus foisonnante, les médecins sont aussi devenus des utilisateurs d’applis médicales. Le baromètre du Vidal fait ainsi état d’une légère progression. Ils sont 56 % en 2013 (contre 53 % l’an passé) à utiliser une application de ce type. Celles-ci sont perçues par les médecins comme une occasion intéressante pour améliorer leur pratique quotidienne (55 %), selon un sondage pour IDS Santé réalisé par Medical Research en janvier 2013 auprès de 300 généralistes.
Mais quels types d’applis santé téléchargent-ils ? Les applis « informatives » sont de loin les plus sollicitées par les généralistes. Un sur sept les utilise pour rechercher de l’information médicale (Vidal, Univadis, AppOcrate, Medscape, Anatomis, INRS, Google). On apprend également avec le baromètre du Vidal que les médecins sont de plus en plus friands de ce genre d’applis. En 2012, ils étaient 69 % à se servir d’une application médicale concernant une base de données médicamenteuse contre 89 % cette année. Même constat avec celles sur les interactions entre médicaments (+10 %).
Le sondage pour IDS Santé relève de son côté que les applis qui sont liées de près ou de loin à leurs déplacements arrivent juste derrière. Presqu’un sur trois a opté pour une application de la gestion de la mobilité (ViaMichelin, GPS, Pages Jaunes). Enfin, d’autres, plus connectés ou plus en pointe, s’en servent déjà pour les aider dans leur diagnostic. 25 % ont choisi une application d’aide à la décision (BCB, MedCalc, IMC). D’autres d’applications, comme celles visant à faciliter leur quotidien ou à développer la relation médecin-patient, sont également utilisées par les généralistes, mais dans une moindre mesure.
Une certaine prudence
Dans un marché qui explose, les applications santé vont-elles pour autant révolutionner la vie des médecins ou de leur patientèle ? Les premiers restent pour l’heure prudents. Selon IDS Santé, 70 % des médecins généralistes assurent qu’ils manquent d’informations fiables pour recommander à leurs patients des applications mobiles. Et 17 % les jugent inutiles. Toutefois, ils sont près d’un sur deux à convenir que les patients qui prennent leur tension sur un mobile ou une tablette connectée et qui leur apportent leurs historiques de mesure les aident dans leur pratique médicale.
La balle est peut-être dans le camp des éditeurs de logiciels. « Aujourd’hui l’offre est très importante et même si beaucoup perçoivent encore les applications comme un gadget, plus personne ne remet en question le bénéfice de ces dernières », commente Dominique Gozard fondateur d’iSeeds Software, éditeur de logiciels qui développe des applications métier sur les plateformes mobiles d'Apple. Selon lui, « les applications santé permettent d’accéder à une information plus rapidement, et une plus grande communication entre les médecins et les patients ».
Certaines applications permettent, en effet, de suivre en temps réel le parcours de soins du patient. Et même davantage si l’on en croit Frédéric Faurennes. Le président d’ID Santé, société développant des outils d’éducation à la santé estime que ces nouveaux outils de la révolution numérique peuvent permettre au médecin « d’obtenir un changement de comportement de son patient ». « Il y a des applications qui sont en quelque sorte des coachs électroniques et qui évitent aux médecins de rabâcher cent fois les mêmes conseils », explique-t-il. Alors, à défaut de remplacer leur stéthoscope, les smartphones pourraient devenir demain les auxiliaires préférés du médecin.
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