Simple retard à l'allumage ou manque de motivation ? Quatre mois après l'entrée de la télémédecine dans le droit commun de l'exercice médical, l'adhésion des médecins au nouveau dispositif ne semble en tout cas pas massive. Le contraste est même saisissant entre ces nouveaux opérateurs qui continuent de jouer des coudes entre eux et des praticiens qui les regardent s'agiter dans un marché encore très virtuel. Certes, certains confrères ont déjà fait leur ce nouveau vecteur. Ils ont sauté le pas par appétence pour l'innovation ou par nécessité. Et les témoignages que nous avons recueillis montrent que, dans l'ensemble, ils ne sont pas déçus, tous cantonnant néanmoins téléexpertise ou téléconsultation à des cas de figure bien précis. Patience. Ces premiers pas seront de toute façon précieux pour les promoteurs du cyber exercice.
Gageons en effet que la conversion de la majorité de leurs confrères dépendra de ces retours d'expérience. À l’instar du mouvement d''informatisation des cabinets médicaux qui fut au départ très lent au début des années quatre-vingt-dix avant de s'imposer comme un standard de l'exercice. Résistance au changement, disait-on alors… Pour l'heure, l'attentisme des médecins de ville ne peut s'analyser sous ce seul angle. Il s'expliquerait plutôt par un réflexe de prudence, amplifié par des emplois du temps surchargés, qui ne leur laissent que très peu de créneaux pour se lancer. Plus fondamentalement, le ralliement de la majorité pourrait aussi être une question de visibilité et de lisibilité. La télémédecine sera-t-elle le vecteur de la déshumanisation de la médecine annoncée par ses détracteurs ? Ou permettra-t-elle au contraire de rapprocher médecins et patients dans l'espace et dans le temps ? De la réponse à ces questions dépend sans doute l'avenir et le développement de la consultation à distance. Et la conversion de la majorité silencieuse.
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