Autorité scientifique

20 ans d'âge, la HAS sur tous les fronts

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Publié le 13/10/2023
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Évaluation, recommandations, certification : alors que la Haute Autorité de santé (HAS) fêtera ses 20 ans l'an prochain, son président, le Pr Lionel Collet, entend mener à bien ses missions qui s'étoffent, avec les moyens limités dont cette autorité dispose.
Lionel Collet, président de la Haute Autorité de santé

Lionel Collet, président de la Haute Autorité de santé
Crédit photo : JACQUES WITT / PHANIE

Depuis sa naissance en 2004, la Haute Autorité de santé (HAS) n'a cessé de voir ses missions se développer, au point qu'elle fut parfois accusée de rendre des avis trop lentement, notamment en cas de médicaments innovants ou dans la vaccination contre le virus de la bronchiolite des seniors. 

Dans ce contexte, le Pr Lionel Collet, président de la HAS, défend la rigueur scientifique, une méthodologie stricte et l'impartialité des travaux. « Certaines recommandations vaccinales [infections à VRS chez le nourrisson, chez l’adulte, mais aussi méningocoques, dengue, zona] nécessitent des délais de neuf à douze mois. Et très peu de nos pays voisins sont en état de recommander celui contre le VRS adulte », illustre le patron de la HAS. « Depuis 2004, notre panel de missions s'est étoffé, confirme-t-il. Ma préoccupation est de ne pas dégrader l’activité alors que les moyens n’ont pas accompagné tous ces ajouts ». 

Le programme est d'ailleurs chargé : la HAS actualisera dans les neuf à douze mois des recommandations sur l'obésité de l’adulte (incluant la chirurgie bariatrique), les risques cardiovasculaires, les personnes atteintes d’autisme, les bébés secoués, la dysphorie de genre, les troubles avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, la précarité/troubles psychiques, le repérage de la maltraitance à domicile ou encore la bientraitance dans les établissements de soins. Une liste loin d'être exhaustive. 

85 % d'établissements de santé certifiés

La certification des établissements pour la qualité et la sécurité des soins est une autre mission majeure. Depuis le référentiel en place depuis deux ans, un peu plus de 1 000 décisions de certification ont été prononcées (sur 2 400 établissements concernés). Les scores ont confirmé la qualité des soins pour près de 85 % d’entre eux. Mais 13 % des établissements ont été certifiés sous conditions et 2 % pas du tout (ce qui exige des actions pour corriger les points défaillants). Quelque 1 500 établissements médico-sociaux ont été également été contrôlés. 

L’innovation est le troisième axe stratégique. Le nouveau mécanisme d’autorisation d'accès précoce en vigueur a été mis en place en 2021 et 80 % des médicaments soumis à ce dispositif ont reçu un avis précoce – 20 % ne répondant pas à au moins un des critères. Au total, « plus de 100 000 personnes en situation d’impasse thérapeutique » ont pu bénéficier de ces traitements, se réjouit la HAS. Dans les mois qui viennent, de nombreux sujets d'évaluation et d'accès à l'innovation sont au programme : biopsies ciblées dans le diagnostic du cancer de la prostate, test biologique du diagnostic de l’endométriose sur prélèvement salivaire, séquençage haut débit en génétique constitutionnelle postnatale, etc. Pour relever ces défis, la HAS espère récupérer une vingtaine de millions d’euros, à la faveur du budget de la Sécurité sociale. 


Source : Le Quotidien du médecin