Fin de vie

78 % des Français attendent de la convention citoyenne qu’elle légalise l’aide active à mourir

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Publié le 12/10/2022
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Un sondage mené par l’Ifop au mois d'octobre rend compte du point de vue des Français sur la fin de vie, quelques jours après que la Première ministre a dévoilé la question qui sera posée à la convention citoyenne.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les Français sont en grande majorité favorables à ce que la convention citoyenne légalise l’aide active à mourir. C’est l’une des conclusions du sondage réalisé par l’Ifop commandé par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

Ce dernier a été mené auprès d’un échantillon de 1 013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, par questionnaire auto-administré en ligne du 4 au 5 octobre 2022. En effet, 78 % des Français attendent de la convention citoyenne sur la fin de vie, missionnée par Emmanuel Macron, qu’elle encourage un changement de la loi, avec la légalisation de l’euthanasie et du suicide médicalement assisté.

Confiance dans les médecins favorables à l’euthanasie

De même, 79 % d’entre eux se disent confiants dans un médecin qui se déclarerait favorable à l’euthanasie et 77 % dans un médecin qui déclarerait pratiquer des euthanasies. Ce qui, pour l’ADMD signifie que « l’argument de ceux qui refusent d’entendre la parole des patients en fin de vie, disant qu’une loi de légalisation de l’aide active à mourir romprait le lien de confiance établi entre les médecins et les Français, ne tient plus. »

Enfin, 82 % des Français considèrent l’euthanasie et le suicide assisté comme des soins de fin de vie. Selon l’ADMD, « ce sondage permet de déconstruire une nouvelle fois les arguments des opposants à la légalisation de l’aide active à mourir. Nous savions déjà que les soins palliatifs étaient parfaitement compatibles avec l’aide active à mourir. Ainsi, près de la moitié des euthanasies, en Belgique, se font en collaboration avec les soins palliatifs. » L’association rappelle que 71 % des médecins étaient favorables à la législation de l’euthanasie ou au suicide assisté selon un sondage Medscape de juin 2020.

Matignon précise la question posée au Cese

Quelques jours plus tôt, la Première ministre Élisabeth Borne a précisé la question posée au Conseil économique, social et environnemental (Cese) chargé d'orienter les débats sur la fin de vie, dans un courrier diffusé lundi 10 octobre. La question est la suivante : « Le cadre d'accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

La convention citoyenne sur la fin de vie, qui doit réunir une bonne centaine de Français afin d'orienter le gouvernement sur un éventuel nouveau changement de loi, commencera ses travaux le 9 décembre qui se termineront à la mi-mars. Ces prochaines semaines, 150 Français seront tirés au sort pour participer aux débats sur la fin de vie, avec une pondération en fonction du sexe, de l'âge, du lieu d'habitation, du métier et du niveau d'éducation des personnes.

Éclairer le débat et le gouvernement

« Il reviendra » au Cese de « procéder à d'autres formes de consultations citoyennes s'il le juge utile pour éclairer ce débat », écrit Élisabeth Borne. « Tout au long de ce débat, des concertations auprès des parties prenantes, notamment des professionnels de santé et de l'accompagnement, seront conduites par le gouvernement », ajoute-t-elle. Les premières conclusions de ces concertations devront intervenir « dans un délai permettant à la convention citoyenne et au Cese de les intégrer pleinement à leur réflexion ».

Les conclusions de la convention citoyenne recueillies par le Cese, qui serviront à éclairer le gouvernement, « devront m'être remises d'ici la fin mars 2023 », précise encore la Première ministre. Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée, chargée des professions de santé et le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, « reviendront vers les citoyennes et les citoyens participant ainsi que vers les membres du Cese pour les informer des suites qui seront données à leurs travaux », souligne Élisabeth Borne.

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr