Loi santé

Explication franche, mais ferme, entre Touraine et la CSMF

Publié le 26/09/2014
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À Lille, la ministre a répondu point par point aux vives critiques du président de la CSMF. Elle a laissé la porte entr’ouverte sur sa loi santé et sur les revalorisations. Mais, pour l’heure, elle n’a rien concédé…

Crédit photo : GARO/PHANIE

« Je suis venue vous dire que nous sommes au début du processus et que les semaines qui viennent seront l’occasion de surmonter, dans la concertation, nos éventuelles divergences. » Hôte de la XXe Université d’été de la CSMF à Lille le week-end dernier, Marisol Touraine a finalement laissé la porte entre-ouverte au dialogue avec les médecins libéraux même si, sur le fond, la ministre de la Santé n’a pas lâché grand-chose sur les points qui fâchent avec la CSMF dans sa loi de santé.

Dans un discours d’une demi-heure devant quelque 200 cadres de la CSMF réunis à Lille la ministre de la Santé a répondu point par point aux critiques réitérées par Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, décrivant une réforme hospitalo-centrée, liberticide et étatiste : « Madame la ministre, nous sommes prêts à travailler avec vous sur une réforme du système de soins, mais pas celle-ci », a martelé le chef de file de la Conf’.

Pas de concession sur la réforme

En réponse, la ministre n’aura fait aucune concession, mais elle a tenté de montrer aux médecins libéraux que sa réforme n’était pas celle que leurs syndicats vilipendent. « ?L’épine dorsale de ce projet, c’est la médecine de proximité et les soins de proximité. C’est donc la médecine libérale que je mets en avant », a-t-elle souligné avant de défendre l’accent mis sur la territorialisation du système de santé, via les ARS, si redoutée par les syndicats : « Qu’on ne me dise pas que j’étatise, quand la médecine libérale conserve la liberté de participer au service territorial » a-t-elle par exemple expliqué. « La loi de santé ne conduit nullement à remettre en cause le cadre national de la politique conventionnelle. L’objectif est d’amener les partenaires à des adaptations au niveau local », a-t-elle aussi insisté.

Sur ces thèmes, la ministre ne semble pas avoir convaincu plus que ça les cadres de la CSMF. À défaut, elle les a mis en garde sur la liberté d’installation que la CSMF juge menacée par cette réforme.

«Si, moi, je ne défends pas la coercition, il y en a d’autres qui la portent et pas seulement à gauche… », a-t-elle dit, en allusion aux velléités de régulation de nombre de parlementaires… Enfin, sur la généralisation du tiers payant elle a de nouveau promis que le système serait simple, sécurisé et sans surcharge administrative ou financière pour les médecins libéraux : « il ne s’agit pas de transformer les médecins en percepteurs de franchises ! »

Petite marge pour les revalos

Il faudra attendre aussi un peu pour savoir si d’éventuelles perspectives existent sur les revalorisations d’honoraires. Sur ce terrain, la ministre a juste promis que, comme en 2014, l’enveloppe 2015 de la ville serait plus large que celle de l’hôpital. « ?Nous souhaitons que vous pesiez sur les arbitrages prochains du PLFSS et que les comptables de Bercy n'aient pas le dernier mot… », a insisté le président de la CSMF. Réponse de Marisol Touraine : « J’annoncerai dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015, de nouvelles mesures qui concerneront les généralistes comme les spécialistes et permettront de sécuriser les conditions d’exercice des professionnels. » Il ne faut donc désespérer de rien…


Paul Bretagne, envoyé spécial à Lille

Source : Le Généraliste: 2692