Il n’y aura finalement pas de revalorisations pour les kinésithérapeutes. Au bout du délai, le syndicat Alizé a finalement décidé de s'opposer en début de semaine à l'accord conclu de l'avenant conventionnel avant Noël entre la Sécurité sociale et la Fédération française des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR), première organisation de la profession.
Un refus qui s'ajoute à celui, acté de longue date, du Syndicat national des masseurs kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR), de telle sorte que le texte « n'entrera pas en vigueur », constate l'Assurance maladie dans un communiqué mercredi 18 janvier.
Mettre la Cnam devant ses responsabilités
Contacté par Le Généraliste, le président du syndicat Alizé, François Randazzo explique les raisons de cette non-signature. « Globalement, le montant de l’enveloppe était de nature à nous satisfaire. Mais ils ont étalé les rémunérations jusqu’en 2025. Ce qui signifie que sur la table, en 2023, il n’y aurait pas de rattrapage sur l’inflation. Nous aurions eu besoin de cette bouffée d’oxygène, mais nous aurions définitivement décroché par rapport à l’inflation. Nous ne pouvons plus nous contenter du "c’est mieux que rien". Nous avons conscience du risque que cela comporte mais il fallait mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités. »
Le kinésithérapeute évoque également la régulation à l’installation pour sa profession, déjà à l’œuvre dans 12,6 % du territoire. « Nous entendons les besoins de santé publique et le besoin de mieux nous répartir sur le territoire. Mais nous ne pouvons pas avoir des contraintes grandissantes – la Cnam voulait passer à 30 % du territoire régulé – sans contrepartie financière significative ».
Globalement, François Randazzo regrette que « ces négociations conventionnelles ne soient pas un moment privilégié pour parler de santé publique. Nous sommes réduits à nous battre pour survivre et parler des aspects financiers… La façon de voir le monde de ces personnes-là est un tableau Excel, nous pensons que ce sont des investissements ».
Le regret de Thomas Fatôme
La Cnam affirme « prendre acte » de cette décision « qui va priver les 70 000 kinésithérapeutes sur le terrain des revalorisations prévues à partir du mois de juillet 2023 », soit un gain de 7 300 euros par professionnel en contrepartie d’une régulation démographique, en particulier pour les futurs étudiants.
Négocié pendant près d'un an, l'avenant à la convention nationale des kinésithérapeutes libéraux prévoyait 530 millions d'euros de hausses de tarifs et de nouveaux actes remboursés. « Nous ne pouvons que le regretter », affirme Thomas Fatôme, directeur général de la Cnam, dans le communiqué, qui doit déjà essuyer les critiques de médecins libéraux suite à ses propositions.
En réponse au SNMKR, qui réclame d'ores et déjà « la réouverture des négociations », l'Assurance maladie « rappelle que la convention actuelle est valable jusqu'en 2027 sans obligation d'ouverture de négociation d'ici là ». Dépitée, la FFMKR a pour sa part dénoncé « l'irresponsabilité des deux autres syndicats » qui « ont joué contre les intérêts de la profession ».
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