Politique de santé

L'appel de trois experts en santé publique pour la création d'un fonds de prévention

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Publié le 19/04/2022

Dans une tribune publiée samedi 16 avril, trois experts en santé publique, dont l’ancien directeur de Santé publique France François Bourdillon, appellent à créer un fonds de prévention, financé par une taxe sur l’alcool et les aliments trop gras, sucrés ou salés.

La prévention « peut être considérée, en France, comme très sinistrée », écrivent dans une tribune publiée samedi 16 avril dans Le Monde, Bernard Basset, président d’Addictions France, François Bourdillon, ancien directeur de Santé publique France, et Serge Hercberg, professeur émérite de nutrition, à l’université Sorbonne-Paris-Nord. Alors que faire ? Pour eux, ne surtout pas « rajouter une nouvelle couche au millefeuille actuel » des agences gouvernementales. Mais plutôt « renforcer les moyens de l’organisation existante ».

Et si les trois experts en santé publique s’engagent à quelques jours du deuxième tour de la présidentielle, c’est parce que les enjeux sont considérables. En effet, rappellent-ils, « 41 % des cancers sont évitables par des mesures de prévention, en jouant sur les consommations de tabac, d’alcool, sur la nutrition, en luttant contre les pollutions environnementales, en luttant contre la sédentarité, en vaccinant… » Ils invitent à s'appuyer sur la recherche et l’expertise, notamment la connaissance de l’impact des déterminants de santé, comme les facteurs sociaux, sources de très fortes inégalités de santé.

Soutenir les acteurs de la prévention

Il convient ensuite, poursuivent-ils, de soutenir les acteurs de la prévention, comme le milieu associatif, seul à pouvoir assurer la fonction du « aller vers » selon eux. Mais aussi les structures publiques comme les centres de protection maternelle et infantile (PMI), les services de pédopsychiatrie ou la santé scolaire. De même, les enseignants ont un rôle important à jouer selon eux pour développer l’éducation à la santé et la santé au travail.

Côté financement, les trois experts préconisent un vote ad hoc « prévention » chaque année au Parlement, accompagné de « rapports compréhensibles, permettant d’identifier les financements qui concernent le collectif (promotion de la santé, éducation pour la santé) et ceux qui concernent la prévention individuelle (financement d’un vaccin ou d’un test de dépistage…) »

Un fonds dédié à la prévention

Puis, à l’image de la création du « fonds de lutte contre le tabac » (depuis devenu fonds de lutte contre les addictions), lequel a montré ses preuves puisqu’une diminution de la prévalence du tabagisme a pu être observée, les signataires de la tribune à en faire de même pour la prévention.

« Sur le même modèle que pour le tabac, des taxes sur la quantité et non sur la valeur (accise) de l’alcool, des produits trop gras, sucrés ou salés (Nutri-Score D et E) , les jeux et les paris… abondent un "fonds prévention" », permettant de financer l’ensemble de la filière prévention au bénéfice de la santé des Français. Une taxe spécifique sur les publicités des produits aux activités défavorables à la santé est une piste qui mérite également d’être explorée, selon eux.


Source : lequotidiendumedecin.fr