Petite enfance

Les PMI ont perdu un quart de leurs effectifs de médecins en dix ans

Par
Publié le 21/03/2022
Article réservé aux abonnés
Les services de protection maternelle et infantile (PMI) ont perdu un quart de leurs effectifs de médecins depuis 2010, d’après une étude de la Drees. Une diminution aussi constatée dans l’activité des services avec moins de consultations infantiles.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

En 2019, le rapport de la députée La République en marche (LREM) Michèle Peyron sur l’état des lieux de la protection maternelle et infantile (PMI) avait permis de montrer que celle-ci traversait une crise. Aujourd’hui, une nouvelle étude de la direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (Drees) permet de quantifier les baisses d’effectifs et d’activité des services de PMI sur la dernière décennie.

Fin 2019, les services de PMI disposaient de 4 800 points fixes de consultation en France d’après l’enquête annuelle Aide sociale de la Drees. Un nombre qui a diminué au cours des dernières années (-2 % depuis 2016, -6 % depuis 2012). À cette même date, 12 300 professionnels étaient employés dans les services de PMI, soit 10 600 équivalents temps plein (ETP).

Difficultés de recrutement

Les puériculteurs étaient ceux les plus représentés, avec des effectifs qui ont d’abord progressé sur le début de la décennie de 1,1 % par an, et se sont stabilisés depuis 2017. Les médecins représentent la seconde catégorie de professionnels en nombre. Ils constituent ainsi 16 % des ETP, « mais leurs effectifs ont reculé de près d’un quart depuis 2010 (soit -3,0 % par an en moyenne) », note la Drees.

Entre 2016 et 2019, les départements ont perdu 270 ETP de médecins, soit une baisse annuelle moyenne de près de 5 %. Et pour 57 départements, cette diminution s’élevait même à au moins 10 % et 30 % ou plus pour 18 d’entre eux.

Dans le rapport Peyron de 2019, les départements relataient des difficultés de recrutement avec des postes restés vacants, auxquelles s’ajoute le départ à la retraite de nombreux praticiens.

« Les postes de médecins sont en effet peu rémunérateurs dans les services de PMI, comparés aux autres lieux d’exercice, ce qui pourrait peser sur leur attractivité » explique l’auteure de l’étude Nadia Amrous.

En rapportant les effectifs des médecins en PMI à la population qu’ils couvrent principalement, soit les enfants de moins de 6 ans, la densité s’établit donc fin 2019 à 3,8 ETP pour 10 000 enfants. « Dans plus de 4 départements sur 5, ce taux a diminué depuis 2016 ; il était alors, au niveau national, de 4,2 médecins de PMI pour 10 000 enfants ».

Les effectifs de psychologues ont également beaucoup baissé avec une perte de 30 % des ETP depuis 2010.

Presque tous les secteurs d'activité en baisse

Cette baisse d’effectifs va de pair avec une baisse de l’activité des services de PMI. Au niveau de la répartition de leurs activités, les consultations infantiles représentent 41 % du travail effectué par les services. Les visites à domicile infantiles constituent 17 % de l’activité.

« Fin 2019, les 1 383 000 consultations et 550 000 VAD effectuées au niveau national, rapportées à la population des moins de 6 ans, représentent 435 consultations et VAD pour 1 000 enfants de la classe d’âge concernée. »

Mais le nombre de consultations et VAD d’enfants de moins de 6 ans diminuent par rapport à 2016. « Le ralentissement démographique pour cette tranche d’âge, lié à la baisse régulière des naissances depuis 2010, n’explique pas à lui seul cette diminution de l’activité », précise la Drees.

En effet le ratio de consultations pour 1 000 enfants baisse, avec 43 consultations et VAD de moins en 2019 par rapport à 2016.

La planification et l’éducation familiale représentent aussi 29 % de l’activité des services de PMI. Des consultations et entretiens qui ont légèrement évolué à la baisse depuis 2016, mais de façon très variable selon les départements avec aussi des hausses dans la moitié d’entre eux.

Fin 2019, les services de PMI consacrent aussi 15 % de leurs actions de consultations, entretiens et VAD aux mères et aux futures mères. Ce sont 276 000 consultations et 177 000 VAD effectuées par les médecins ou sages-femmes des départements, principalement lors de la période prénatale.

« Rapportées à la population des femmes âgées de 15 à 49 ans, cela situe le taux national de consultation et VAD à 32 pour 1 000 femmes de cette tranche d’âge. Ce taux est en légère baisse comparé à celui de 2016, où il était de 34 pour 1 000 », détaille l’analyse. Mais encore une fois la situation des départements dans ce domaine est très hétérogène.


Source : lequotidiendumedecin.fr