Son nom de code est Osys (pour « Orientation dans le système de soins »), et c’est l’un des nombreux exemples des responsabilités nouvelles que les pharmaciens sont en train de prendre dans le système de santé. Mis en place dans le cadre des expérimentations autorisées par l’article 51 de la LFSS 2018, ce projet implique une cinquantaine d’officines bretonnes implantées dans des zones où l’accès au médecin est particulièrement difficile, en leur fournissant, pour treize pathologies identifiées, des protocoles de prise en charge permettant d’homogénéiser et de structurer le conseil pharmaceutique.
Quinze minutes, 15 euros
Quand un patient se présente, il a donc un entretien d’une quinzaine de minutes avec un pharmacien qui dispose d’un outil numérique pour favoriser le triage et qui reçoit une indemnisation de 15 euros pour ce service. « Cela permet de libérer du temps médical et de diminuer le recours aux urgences en faisant une première orientation, explique Martine Costedoat, directrice générale de l’association Pharma Système Qualité, qui coordonne le projet. Pour l’instant, les protocoles ne donnent pas lieu à la délivrance de médicaments particuliers : il s’agit de répondre à la demande de patients qui sont déboussolés et qui ne savent pas vers qui se tourner. » Car comme le soutient cette pharmacienne, même dans les localités où il n’y a plus de généraliste, « il y a toujours une croix verte allumée ».
Un recrutement difficile
Reste que ces entretiens prennent du temps, et que le temps est, pour les pharmaciens aussi, ce qui manque le plus. « Pour certaines équipes, cela se passe très bien, mais d’autres n’arrivent pas à recruter, et ne parviennent donc pas à se lancer, faute de personnel, constate Martine Costedoat. Il y a en ce moment des problèmes de recrutement tels qu’on n’en a jamais connu. »
Voilà qui pose une sérieuse question de soutenabilité, et ce, pour tous les projets qui reposent sur un recours accru aux officines pour assurer des missions supplémentaires. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estimait ainsi, en octobre dernier, qu’il manque 15 000 préparateurs dans les 21 000 officines de France. « La prévention, c’est du temps-homme, constate Philippe Besset, son président. Nous pensons que la pharmacie est un bon lieu pour faire de la prévention. Mais si on veut en faire en masse, il faudra plus de monde. »
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