Urgences : devant la colère des libéraux, le gouvernement recule sur le numéro unique

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Publié le 02/12/2020
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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Les députés, qui examinent une proposition de loi LREM traduisant une partie des accords du Ségur de la santé, ont supprimé la création d'un numéro unique « santé », le 113, adopté lors du débat en commission à la demande du député LREM de Charente Thomas Mesnier pour la régulation des urgences. Les parlementaires ont en revanche conforté la mise en place du service d'accès aux soins, qui doit être expérimenté à partir de 2021 dans 22 territoires pilotes.  

La mise en place du « 113 » qui avait vocation à remplacer les différents numéros existants en lien avec la santé, notamment le 15 pour l’aide médicale urgente et le 116 117 pour la permanence des soins libérale, a fait l'objet d'une levée de boucliers des élus de tous bords… mais aussi des médecins de ville.

Les médecins libéraux soulagés

Les syndicats de médecins ont salué la décision du parlement de ne pas imposer le numéro unique. Le SML salue la « sagesse des députés » et réaffirme son attachement au 116 117. « Lorsqu’un numéro de PDSA distinct du 15 existe, comme c’est le cas dans plusieurs départements notamment en Grand Est, seule une très faible part des appels sont retransférés aux urgentistes car potentiellement urgents », assure l'organisation du Dr Philippe Vermesch, qui se dit « convaincu » que « le 116 117 constitue un moyen efficace de désengorger les urgences hospitalières ».

Le Dr Jean-Paul Ortiz se félicite également du retrait de cet amendement. « Il faut laisser se mener les expérimentations du SAS et en tirer les conclusions ensuite, affirme le président de la CSMF. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Nous verrons quelle est la meilleure solution concernant le numéro d’appel. »

La perspective d'un numéro unique avait suscité l'émoi chez SOS Médecins, l'article 7 bis ayant été vécu comme une « déclaration de guerre ». Le service médical libéral d'urgence à domicile, présent sur 18 des 22 sites d'expérimentation, redoutait que le numéro national unique, en se substituant à tous les numéros existants, « déstructure les offres de soins déjà organisées sur le territoire ».

Ce nouvel imbroglio autour du numéro unique intervient alors que le gouvernement n'a officiellement jamais arbitré sur la question du numéro unique en santé. Il y a près d'un an, Thomas Mesnier et Pierre Carli recommandaient dans un rapport de mettre en place le 113 comme numéro unique pour le service d'accès aux soins, demande restée depuis sans réponse. Les médecins libéraux espèrent qu'aucun arbitrage ne sera rendu avant la fin des expérimentations du SAS.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr