Fonds de lutte contre les addictions, une première année satisfaisante pour les associations

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Publié le 04/09/2020

Crédit photo : PHANIE

En 2020, 115 millions d'euros vont être distribués sous forme de financements de projets par le Fonds de lutte contre les addictions liées aux substances psychoactives pour sa deuxième année de fonctionnement.

Dans l'arrêté du 20 août 2020 publié récemment, le ministère des Solidarités et de la Santé détaille la répartition de la somme entre différents appels à projets comme « mobilisation de la société civile », « Moi(s) sans tabac », actions de marketing social contre le tabac (12,9 millions) ou l'alcool (10 millions). Une part du budget est également fléchée vers les projets de recherche pluriannuels (5,1 millions) et des fonds sont également destinés aux actions de recherche de l'INCa, de l'INSERM ou de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies. Enfin, 32 millions sont consacrés aux actions régionales pilotées par les ARS.

Une bonne nouvelle

Pour Bernard Basset, membre du comité stratégique du Fonds, ce nouveau budget est une bonne nouvelle. « Il y avait une petite inquiétude que le budget ne soit pas reconduit, explique-t-il. Avec l'épidémie de Covid-19, de l'argent a été débloqué et nous avons appris en juin que de nouveaux appels à projets allaient être lancés ». Le vice-président de l'Association nationale de prévention en addictologie et alcoologie est satisfait de l'efficacité de ce dispositif issu de l'ancien fonds de lutte contre le tabac et dont les missions ont été élargies aux autres types d'addiction. « C'est une bonne chose que l'on puisse financer des programmes contre d'autres addictions que le tabac, se réjouit-il. En particulier l'alcool qui n'avait jamais été une priorité jusqu'à présent. »

Il est rejoint dans son avis par Nathalie Latour, autre membre du comité stratégique et déléguée générale de la Fédération addiction : « On est dans des logiques de polyusage, rappelle-t-elle. On peut tenter d'apporter des réponses ambitieuses aux questions de santé mentale et d'insertion. »

Prévention en milieu scolaire

Parmi les programmes financés par le fonds, on dénombre les premières mesures de « testing » visant à s'assurer que l'interdiction de vente de cigarettes aux mineurs est bien respectée, prévue pour cet automne. D'autres programmes n'auraient pas pu voir le jour en dehors de cette initiative. Notamment « pour la prévention en milieu scolaire basée sur les compétences psychosociales, détaille Nathalie Latour. Il était très compliqué de travailler avec l'Éducation nationale auparavant ». Les programmes Tabado (déployés dans 142 lycées professionnels, auprès de 60 000 jeunes) ou Primavera (projet de prévention des conduites à risques et addictives en milieu scolaire) sont des exemples d'initiatives financées grâce au Fonds.

Selon le bilan 2019 du Fonds de lutte publié par l'Assurance-maladie, plusieurs campagnes de lutte contre le tabac mené par Santé publique France ont pu être intensifiées : 4e édition de l’opération Moi(s) sans Tabac, préparation du dispositif multicanal Tabac info service, augmentation de 30 % des téléchargements de l’application de e-coaching relative à l’arrêt du tabac comparé à 2018… En mars 2019, l'Assurance-maladie a lancé une promotion multicanale des repères de consommation à moindre risque. À l’issue de cette campagne, neuf médecins sur 10 se sont déclarés incités à parler de consommation d‘alcool avec leurs patients et 36 % de la population interrogée à réfléchir à sa consommation d’alcool et 26 % à réduire sa consommation.

Bientôt une évaluation

Une évaluation plus complète de l'ensemble des programmes financés par le Fonds de lutte contre les addictions doit être financée à hauteur de 1 million d'euros, dans le cadre d'un appel à projet à paraître.

Le fonctionnement du fonds est fixé par le décret du 21 juin 2019. Au cours de l'année écoulée, son comité stratégique s'est réuni à deux reprises. Ce dernier est composé de cinq représentants d’associations du champ de la lutte contre les addictions, deux de l’Assurance-maladie, cinq d’agences et d’organismes publics de la santé et dix d’administrations.


Source : lequotidiendumedecin.fr