Après le cancer du sein, une reconstruction globale

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Publié le 14/10/2022
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L’accompagnement des patientes ne s’arrête pas au seul traitement du cancer du sein, car il existe des séquelles physiques et psychologiques. À l’occasion d’Octobre Rose, la Pr Mahasti Saghatchian, oncologue médicale, et la Dr Camille Ozil, chirurgienne plasticienne, toutes deux exerçant à l’Hôpital Américain de Paris, ont fait le point sur la prise en charge de l'après-cancer.
La reconstruction a une dimension psychologique, familiale et sociale

La reconstruction a une dimension psychologique, familiale et sociale
Crédit photo : Garo/Phanie

La préparation de la prise en charge post-cancer est essentielle. Le travail de reconstruction qui suit le traitement du cancer du sein n’est pas uniquement un travail de réparation physique, mais également un processus global de reconstruction des patientes : psychologique, familial, social, professionnel…

À toutes les étapes de la prise en charge des femmes, les oncologues ont comme préoccupation de minimiser les risques de séquelles, d'où l'extension des indications de conservation mammaire.

« Cependant, les complications physiques existent : le lymphœdème du bras peut durer plusieurs mois, voire des années, la fatigue est également persistante, les troubles de la concentration et de la mémoire ont été objectivés par IRM, sans oublier la dépression, les troubles anxieux, les troubles sexuels… », souligne la Pr Mahasti Saghatchian.

À l’Hôpital Américain, le Wellness Lab propose ainsi toute une gamme de soins de support pour améliorer la qualité de vie et le bien-être au quotidien des femmes. Chacune bénéficie d’un programme élaboré sur-mesure, en fonction de ses besoins : consultations de diététique, de sexologie, ostéopathie, sophrologie, soutien psychologique, soins esthétiques, yoga, Pilates, méditation en pleine conscience…

Plus de 70 % des femmes ne font pas de reconstruction mammaire

Quant à la reconstruction mammaire après mastectomie, il convient de donner une information le plus tôt possible dans le parcours de soins. Elle nécessite des soins de kinésithérapie spécialisés (réhabilitation motrice en amont et en aval de la chirurgie) et une bonne qualité de la peau.

« La reconstruction mammaire peut être immédiate lors de la même intervention que l’ablation du sein ou secondaire après la fin des traitements, rapporte la Dr Camille Ozil. Notamment après une radiothérapie, le délai est plus long (9 à 10 mois) car la peau est abîmée, il faut attendre qu’elle récupère sa souplesse. Ce délai peut être mis à profit par la patiente pour s’occuper d’elle et préparer sa peau (soins thermaux, esthétiques…) pour qu’elle retrouve son élasticité. »

Il n’y a pas délai maximum après une chirurgie pour faire une reconstruction mammaire. « Elle peut se pratiquer même 10 ans après ! », déclare la chirurgienne. « Pourtant, peu de femmes, environ 30 %, en profitent, déplore-t-elle. Or, les techniques ont changé et il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités de reconstruction adaptées à chaque situation. »

La reconstruction mammaire, dans la grande majorité des cas, nécessite plusieurs interventions. La première étape est la reconstruction du volume du sein (implant mammaire, lipofilling, lambeau de grand dorsal autologue…). La deuxième étape, généralement trois mois après la première, consiste à opérer l’autre sein pour le rendre le plus symétrique possible par rapport au sein reconstruit. Ensuite, la dernière étape est celle de la reconstruction de l’aréole et du mamelon.

C. F.

Source : Le Quotidien du médecin