L'exposition est le plus souvent multifactorielle - telle la pollution environnementale - et les divers facteurs de risque (FR) exercent des effets non seulement cumulatifs mais aussi additifs, sinon synergiques. C'est pourquoi l'imputabilité est bien difficile à prouver.
Radiations ionisantes : un facteur bien connu
De nombreuses études épidémiologiques sur : les survivants d Hiroshima et Nagasaki (1); les catégories professionnelles exposées comme les radiologues et les techniciens (2); le personnel naviguant (3); les travailleurs de l'industrie nucléaire (4); les patients exposés lors du traitement de la maladie de Hodgkin (5), de la tuberculose (6)… ont permis de largement documenter l'effet cancérogène des radiations ionisantes. « Résultat les méta-analyses et études mettent en évidence une relation dose effet linéaire avec effet cumulatif des doses à laquelle s'ajoute un effet majoré d’une exposition précoce - avant l'âge de 40 ans - sans effet favorable du fractionnement des doses. Avec en conséquence un risque d'induction de cancer du sein associé au dépistage par mammographie supérieur au bénéfice du dépistage quand il est initié avant l'âge de 40 ans (7) », souligne la Dr Karine Hannebicque (Centre Oscar Lambret, Lille).
Travail posté : données contradictoires
Le travail posté associé à une perturbation du rythme circadien est considéré comme un facteur probablement cancérigène, classé dans le groupe 2A par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) [8]. En effet, bien que l'on dispose de données tout à fait probantes chez l'animal, celles chez l'Homme restent insuffisantes. « Les quatre méta-analyses réalisées entre 2005 et 2013 plaident un impact délétère avec un risque relatif (RR) de 1,2 à 1,5. La récente revue de la littérature menée sur 26 études réalisées entre 2010 et 2017 plaide à nouveau pour une tendance à une augmentation du RR pour des durées d’exposition supérieures à 20-30 ans (9). Cependant, l'hétérogénéité des études et les résultats parfois contradictoires rendent difficiles une conclusion formelle », résume Karine Hannecbique.
Des perturbateurs endocriniens probablement cancérigènes
Plus de 200 produits chimiques ont des effets cancérogènes mammaires documentés chez l'animal (10). Néanmoins peu de ces facteurs ont un effet cancérogène mammaire formellement prouvé chez l'homme. Pourquoi ? Plusieurs problèmes méthodologiques rendent cette démonstration difficile explique Karine Hannebicque. Le RR à démontrer est probablement faible à modéré. De plus, l'exposition est subie à faible dose et de manière chronique mais avec un risque de bio-accumulation. Jouent aussi très probablement la fenêtre d'exposition (pré ou périnatale, lors de la puberté, en post-ménopause…), la période de latence et la multiplicité des facteurs environnementaux (tabac, alcool, substances chimiques…). De plus, on n'est pas tous égaux devant ces agressions. Les effets des perturbateurs endocriniens peuvent être modulés par nos gènes, c’est-à-dire notre susceptibilité génétique. D'où la grande complexité, de prouver formellement la cancérogénicité de tel ou tel agent chimique. Du coup aujourd'hui seuls deux produits ont pu être étiquetés comme probablement cancérigènes : les PCB - composés organochlorés - et la dieldrine - un pesticide lui aussi organochloré. Quand d'un autre côté le lien formel reste à établir pour de très nombreux perturbateurs endocriniens notamment pour la dioxine, le DDT et le DDE (pesticides organochlorés), regrette Karine Hannebicque.
D'après un entretien avec le Dr Karine Hannebicque (Centre Oscar Lambret , Lille)
(1) Tokunaga M et al. 2004
(2)Mohanet et al. 2002
(3) Buja A et al. 2006
(4) Cardis et al 2006
(5) Cutuli et al 2011
(6) Howe et al. 1996
(7) Inserm 2008 ; Gray J et al. 2017
(8) Straif 2011
(9) Hansen et al. 2017
(10) Macon M. 2013
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?