Vaccination antipapillomavirus

De nouvelles données pour Cervarix®

Publié le 06/05/2011
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L’ÉTUDE de phase III PATRICIA, qui a suivi une cohorte de jeunes femmes pendant 4 ans en moyenne, a montré que le vaccin antipapillomavirus bivalent (Cervarix®) présente une efficacité de plus de 95 % vis-à-vis des infections persistantes aux papillomavirus de types 16 et 18 (responsables à eux seuls d’environ 70 % des cancers du col de l’utérus en Europe) et des lésions CIN2+ associées et de plus de 90 % vis-à-vis des lésions CIN3+.

La démonstration du maintien de l’efficacité à très long terme du vaccin -primordiale puisque les femmes sont susceptibles d’être infectées tout au long de leur vie sexuelle- ne pourra être faite qu’au moyen d’un suivi sur de très nombreuses années. Mais les données disponibles sont d’ores et déjà encourageantes (1). La persistance de l’immunogénicité et de la protection vis-à-vis des infections à HPV a été établie avec un recul allant jusqu’à 8,4 ans après les 3 doses du vaccin bivalent. Toutes les femmes de la cohorte, qui étaient séronégatives pour les HPV 16 et 18 et ADN négatives pour 14 types d’HPV oncogènes à l’inclusion, sont après vaccination restées séropositives, avec des titres d’anticorps bien supérieurs à ceux observés après une infection naturelle. Au terme de 6,4 ans de suivi, l’efficacité du vaccin s’est maintenue à 100 % vis-à-vis des lésions CIN2+ associées aux HPV 16 et 18.

Un autre essai de phase III, FUTURE II, a suivi pendant 4 ans 1740 jeunes filles finlandaises âgées de 16 à 17 ans. Elles ont bénéficié de la vaccination par le vaccin bivalent ou par un placebo, ainsi que d’un programme d’éducation à la santé (susceptible d’avoir eu un impact sur le risque de contracter une infection, dans le groupe vaccin comme dans le groupe placebo). Un suivi passif de registre a ensuite été mis en place, dans cette cohorte et dans une de référence de plus de 15 000 jeunes femmes âgées de 18-19 ans (2) . Actuellement, en Finlande, l’incidence des lésions CIN3+ est de 95/100 000 femmes /an. Au cours des deux premières années de suivi, aucun cas de lésions CIN3+ n’a été rapporté dans le groupe vaccin, 2 cas dans le groupe placebo et 21 cas dans la cohorte servant de référence.

Ce suivi passif se poursuit, dont les données devraient permettre de tirer de enseignements intéressants en termes de protection à long terme.

Une nouvelle analyse (3) issue de l’étude PATRICIA souligne par ailleurs l’intérêt du vaccin y compris chez les jeunes femmes ayant subi une conisation, au nombre de 190 dans le groupe vaccin et de 264 dans le groupe contrôle (vaccination contre l’hépatite A).

Une nouvelle lésion CIN2+ plus de 60 jours après le premier geste chirurgical a été rapportée chez une seule patiente du groupe vaccin et chez 9 du groupe contrôle. Le nombre de nouvelle lésion CIN1+ a été de 12 et 22, respectivement. Ainsi, les patientes subissant un traitement pour une première lésion du col peuvent bénéficier ensuite de la protection conférée par la vaccination.

Enfin, un travail Finlandais (4) apporte des données très intéressantes sur l’évolution de l’épidémiologie du papillomavirus, et notamment sur la possible émergence de nouveaux génotypes oncogènes secondairement à la vaccination de masse. La seule évolution notée chez des femmes non vaccinées (sérologies réalisées en début de grossesse à 2,5 ans d’écart chez 3100 femmes) concerne le génotype 33, dont l’incidence s’est accrue par rapport à celle d’autres génotypes non contenus dans le vaccin chez les femmes ayant des anticorps anti-HPV 16 et 18.

(1) Romanowski B. « Long term protection against cervical HPV infection with bivalent HPV vaccine ». Hum Vaccin. 2011 Feb1;7(2).

(2) Paavonen J. et coll. « Long-term efficacy of human papillomavirus vaccination against CIN3 and invasive carcinoma : registry based follow up of a phase III trial (FUTURE III).

(3) Garlan S. « Does the HPV 16/18 AS04 adjuvanted vaccine benefit women with cervical disease ».

(4) Lehtinen M. et coll. «Competition of vaccine and non vaccine HPV types before and after mass-vaccination ».

Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8957