Dermatite atopique

Associer le patient

Publié le 16/01/2012
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La dermatite atopique (DA) est une pathologie courante dont la prévalence augmente chaque année. Actuellement on l’estime à 13 à 20 % chez l’enfant. C’est une maladie chronique évoluant par poussées avec un état inflammatoire, entrecoupées de périodes de rémissions plus ou moins longues. La physiopathologie de la DA fait largement appel aux allergènes, qui peuvent être des acariens, des phanères, ou des aéroallergènes tels que les pollens. Les lésions inflammatoires nécessitent une présentation de peptides d’allergènes par des cellules dendritiques à des lymphocytes T. La libération de médiateurs entraîne les inflammations prurigineuses.

Le traitement a pour objectif de lutter contre l’inflammation et les phénomènes immunologiques, ce qui conduit à distinguer le traitement des poussées du traitement d’entretien. Lors des poussées, chez l’enfant, une antibiothérapie par voie générale est prônée en cas de surinfection (liée le plus souvent au grattage), ce pour entraîner une guérison rapide. Classiquement, ce sont des macrolides ou apparentés, pendant 15 jours à un mois. Quant à la lutte contre l’inflammation, elle fait appel depuis 30 ans aux dermocorticoïdes, en application locale sur les lésions (une ou deux fois par jour selon le produit utilisé).

Enfin, le traitement d’entretien a pour objectif de prévenir les poussées. Il fait appel à une prise en charge pluridimensionnelle à la fois médicale, psychologique, environnementale et une éducation thérapeutique. Cette dernière approche permet d’associer le patient, notamment l’enfant, et son entourage à une prise en charge optimale de la maladie. Ainsi, pour une bonne prise en charge de la DA, il faut à la fois apprendre aux parents à reconnaître les poussées, en identifiant les facteurs aggravants, et lutter contre la phobie des dermocorticoïdes.

En effet, la corticophobie est une entrave majeure au traitement, entraînant une observance très faible du traitement, estimée en moyenne à moins de 35 %. Plus de 70 % des patients, ou parents de patients, ont peur des corticoïdes, de leurs éventuels effets secondaires. La corticophobie est très fréquente, y compris chez les soignants. Les fausses croyances envers les dermocorticoïdes sont nombreuses et variées. Les patients comprennent mal les mécanismes de la maladie, le traitement. On constate un manque d’informations sur les traitements de la DA, une discordance dans le discours des praticiens. Pour lutter contre la corticophobie, qui n’est pas toujours déclarée, il faut écouter, laisser exprimer les croyances du patient et le rassurer, sans jamais le culpabiliser des échecs du traitement, souvent liés à la simple non-observance. Un long entretien suffit souvent à réduire la corticophobie.

D’après des communications lors du symposium organisé Stiefel (laboratoire GSK), avec la participation des Prs Olivier CHISIDOW, Yves de PROST (Necker, Paris), Jean-Philippe LACOUR, Fréderic CAMBAZARD, et du Dr Sébastien BARBAROT (Nantes).

 Dr Martine DURON-ALIROL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9066