La télémédecine sera sûrement déterminante pour des millions de malades chroniques. Mais c’est aussi un mot à la mode, un terme trop vaste, trop vague pour en analyser la portée sur des maladies aussi diverses et complexes que les diabètes. Il recouvre des approches très disparates, plus ou moins technologiques, du simple conseil initial suivi d’appels téléphoniques, jusqu’à des approches high-tech très sophistiquées par exemple pour le diabète de type 1. Lesquelles seront applicables à grande échelle et de façon durable ? Pour le type 2, il s’agit surtout d’aider aux changements de comportement, à l’observance médicamenteuse, influencer le style de vie, réaliser des examens recommandés.
Mais de nombreux articles semblent plus conclure de manière à ne pas décourager les initiatives qu'en démontrant réellement des bénéfices tangibles. Tels cette expérience récente, l’essai Enhanced (1) et cette métaanalyse aux États-Unis (2). La première est une approche assez sommaire, avec des groupes peu comparables pour certains points clés ; limites également pointées, ici et là, dans la métaanalyse. Globalement, les résultats sont modestes, les interventions agissant essentiellement sur l’observance des traitements à visée préventive cardiovasculaire (statine, aspirine), mais pas ou si peu sur l’HbA1c.
Si certaines expériences s’avèrent positives et incitent à développer la télémédecine – comme on le fait en France – celle-ci devrait s’intégrer dans une approche plus globale : démarche initiale clinique personnalisée, puis éducative authentique, intégrée à un système de soin structuré, coordonné. On ne peut pas « déposer sur » n’importe quel système de santé un outil plus ou moins technologique dont on attendrait alors trop. C’est pourtant ce qui semble transparaître des études internationales citées.
Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Gretchen A et al. J Aca Nutr Diet, 2019
(2) Borries TM et al. Diab Met Syndr Clin Res Rev 2019(13):1353-7
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