Des maladies tropicales dans vos salles d'attente ? Pas si sûr !

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Publié le 11/06/2019
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moustiques

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Crédit photo : Phanie

En 2004, les premiers Aedes albopictus ou moustiques tigres se sont implantés en France métropolitaine, dans le département des Alpes-Maritimes. Quinze ans plus tard, ce sont 51 départements (dont Paris depuis 2018) qui sont classés au niveau 1 du plan national anti-dissémination du chikungunya, de la dengue et du Zika véhiculés par A. albopictus, selon la cartographie établie par l'agence de sécurité sanitaire Santé publique France.

Certains voient dans la dissémination du moustique tigre la première étape vers une période où les arboviroses deviendront le quotidien des médecins métropolitains de 2040. Est-ce vrai ? « On n'en sait pas grand-chose ! », affirme le Pr Jean-François Guégan, chercheur à l'IRD de Montpellier et directeur de recherche à l'UMR MIVEGEC (Maladies infectieuses et ecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle). Pour ce membre du comité scientifique du groupement d'intérêt scientifique « Climat, environnement, Société », il existe une « confusion entre la seule présence de ces insectes, celle des virus cités et les maladies qu'ils peuvent occasionner. D'autres conditions sont nécessaires pour lancer un cycle épidémique », prévient-il.

En premier lieu, il faut que le vecteur soit compétent pour transmettre la maladie, « or les études montrent que les moustiques-tigres sont moins performants à transmettre le virus de la dengue en France que dans les zones intertropicales », ajoute le Pr Guégan.

Un environnement propice

Il faut aussi un environnement et des conditions météorologiques favorables. À ce titre, l'évolution du climat pourrait recréer un terrain plus propice aux développements de cycles de transmission. « La mer Méditerranée reste chaude plus longtemps en automne et se réchauffe plus tôt au printemps, explique le Pr Guégan. Cela provoque davantage d'évapotranspirations, et donc de pluies qui entraînent des événements cévenols à l'approche de l'automne. Cela alimente en eau des systèmes où les moustiques vont se reproduire plus longtemps en saison post-estivale augmentant ainsi la période durant laquelle un virus comme celui de la dengue peut circuler s'il est présent. »

Autre facteur important : le terrain nutritionnel et l'état de santé général de la population, meilleurs dans les pays du Nord, pourraient compliquer l'installation et le développement du nouveau pathogène. Enfin, l'efficacité des systèmes de surveillance et de réaction peut contribuer à rendre difficile l'implantation de ces nouvelles maladies en France métropolitaine.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9756