Alors que s’amorce depuis début juillet une recrudescence des infections à entérovirus (EV), en particulier chez les jeunes enfants, Santé publique France (SPF) appelle, dans un point commun avec le centre national de référence (CNR) des entérovirus et parechovirus, les professionnels de santé à la vigilance. Après une faible circulation faible des EV depuis 2020, le nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations pour méningite virale atteint, au 5 juillet, des niveaux comparables à ceux de 2018, « ce qui pourrait indiquer un pic estival attendu dans les prochaines semaines ».
Dans ce contexte de reprise, une infection à EV doit être « évoquée et recherchée » devant un sepsis néonatal et toute infection néonatale associée à une insuffisance hépatique grave, une entérocolite, une méningo-encéphalite ou une myocardite, insiste SPF dans le point de situation daté du 17 juillet. De même, « toute symptomatologie sévère, en particulier neurologique, pouvant évoquer un diagnostic d’infection à entérovirus » doit appeler à la vigilance.
Ces tableaux cliniques sévères doivent entraîner des prélèvements adaptés à la recherche du génome des EV dans le sang, mais aussi dans les échantillons périphériques (échantillons nasopharyngés, selles) et, si possible, dans le liquide céphalorachidien (LCR), poursuit SPF. « Toute infection néonatale ou atteinte neurologique sévère associée à une infection à EV doit être signalée aux laboratoires du CNR », est-il ajouté.
Un nouveau variant, l’E-11, sous surveillance
Cette alerte conjointe SPF/CNR intervient alors que neuf cas d’infection néonatale précoce et sévère associés à un nouveau variant, l'entérovirus E-11 (Echovirus-11), ont entraîné sept décès en France entre juillet 2022 et mars 2023. Depuis, plusieurs pays européens ont signalé des cas d’infections sévères à E-11. Un nouveau cas a été détecté début juillet en France, ce qui « nécessite de maintenir la vigilance durant l’été », est-il souligné.
Traditionnellement, en zone tempérée, l’été et l’automne sont propices à une augmentation des infections à EV. Ces infections sont pour la plupart pauci- ou asymptomatiques, mais certaines peuvent s’accompagner d’atteintes sévères, notamment neurologiques, mais aussi respiratoires, cardiaques ou digestives.
Dans le cas de l’E-11, les infections néonatales sont jugées « inhabituelles et préoccupantes ». Elles peuvent être « d’aggravation rapide et brutale, associées à des complications graves (défaillances hépatiques ou multiviscérales), et conduire au décès dans un grand nombre de cas », est-il souligné.
En 2022, le taux de létalité des infections néonatales à entérovirus signalées, dont certaines associées à l'E-11, s’établissait à 1,8 %, contre 0,4 % pour la période de 2016 à 2021, au cours de laquelle aucune infection n’était associée à l’E-11.
La circulation accrue de ce variant pourrait ainsi expliquer l’excès de mortalité observé en 2022-2023, avance SPF. Des investigations sont en cours pour analyser les caractéristiques de l’E-11. Mais, « d’autres facteurs de risque de mortalité comme l’acquisition de l’infection dans les sept premiers jours de la vie, la prématurité et le petit poids de naissance peuvent aussi jouer un rôle », est-il indiqué.
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