L'ONUSIDA pose de nouveaux objectifs pour 2025

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Publié le 01/12/2020
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Les obstacles sociétaux et juridiques sont responsables du manque de progrès

Les obstacles sociétaux et juridiques sont responsables du manque de progrès
Crédit photo : Phanie

Dans son rapport publié à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, l'ONUSIDA confirme que l'objectif d'éradication de l'épidémie de VIH ne sera pas atteint en 2030, compte tenu de la trajectoire actuelle des nouvelles contaminations, indépendamment des importantes perturbations occasionnées par la pandémie de Covid-19.

L'agence onusienne fixe donc de nouveaux objectifs centrés sur la société civile pour 2025, qui intègrent la lutte contre les lois discriminantes et la stigmatisation ciblant les populations les plus exposées au VIH. L'ONUSIDA estime en effet que les obstacles sociétaux et juridiques sont en grande partie responsables du manque de progrès ces 10 dernières années, surtout dans les pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale, seules régions de la planète où l'épidémie de VIH progresse au lieu de reculer.

L'objectif ciblé pour 2025 est maintenant d'atteindre une couverture de traitement de 95 % dans chacun des sous-groupes de personnes à risque — travailleuses du sexe, utilisateurs de drogues injectables, trans, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes — en proposant des approches inspirées des pays actuellement les mieux placés pour contrôler l'épidémie.

Il est aussi inscrit dans ces objectifs que, dans chaque pays, moins de 10 % des personnes vivant avec le VIH fassent l'objet de stigmatisation et que moins de 10 % ne subissent de violences ou d'inégalités liées au genre. « Aucun pays ne peut vaincre le sida tout seul, insiste Winnie Byanyima, directrice exécutive de l'ONUSIDA. Nous devons repousser le conservatisme qui est enraciné dans de nombreux pays et qui menace la santé des femmes. On n'a fait quasiment aucun progrès en ce qui concerne la prévention et le traitement des consommateurs de drogues, en partie pour des raisons de lois très dures à leur égard. Il y a, de plus, une remise en cause dans les démocraties libérales de libertés que nous tenions pour acquises depuis la fin de la guerre froide : liberté de la presse, liberté d'association… ».

14 pays dans les clous

Les objectifs pour 2020 étaient de dépister 90 % des malades, de traiter 90 % des personnes dépistées et d'avoir 90 % des patients traités avec une charge virale indétectable. Seulement 14 pays ont atteint ce triple objectif 90-90-90 : l’Australie, le Botswana, le Cambodge, l’Espagne, l’Eswatini (ex-Swaziland), l’Irlande, la Namibie, l’Ouganda, les Pays-Bas, le Rwanda, la Thaïlande, la Zambie et le Zimbabwe.

En Afrique, le Rwanda fait figure de modèle à suivre. En 2011, son président Paul Kagame a été le premier dirigeant africain à convoquer une réunion lors de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le thème de l’avenir de la riposte au sida et de la mise en place d’une feuille de route pour la santé et le développement. Entre 2010 et 2017, les nouvelles infections à VIH ont chuté dans le pays de 20 %, passant de 9 300 à 7 400. Durant la même période, les décès dus au sida ont été quasiment divisés par deux.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin