« L’Afrique n’est plus épargnée par l’extension de la pandémie Covid-19 », constate l'Académie nationale de médecine (ANM), qui appelle à sensibiliser l’opinion publique internationale à la situation d’impréparation du continent africain face à la progression de l’épidémie de Covid-19.
Apparu sur le continent africain à la mi-février en Égypte, le SARS-CoV-2 est désormais à l'origine de 49 121 cas confirmés dont 1 956 décès en Afrique en date du 6 mai selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'Afrique du sud et l'Égypte sont les pays qui comptent le plus de cas confirmés (respectivement 7 572 et 6 565 cas), mais l'épidémie s'est désormais étendue à l'ensemble du continent.
Un manque de moyens de protection et de détection
Le nombre de cas confirmés est sans doute bien en deçà du nombre total de cas, d'autant que « la rareté des laboratoires de sécurité biologique de niveau 2 (LSB2) et la faible disponibilité des tests RT-PCR rend difficile la recherche de milliers de contacts », souligne l'Académie.
De nombreux pays africains sont en effet exposés à un manque de moyens pour faire face au Covid-19. « La plupart des pays africains doivent faire face à quatre grands problèmes, estime Mamady Traoré, référent régional sur les maladies infectieuses et tropicales et la réponse aux épidémies pour Médecins sans frontières (MSF). Le manque d’équipements de protection individuelle pour les soignants, l'insuffisance de ressources humaines qualifiées pour la prise en charge des cas sévères de Covid-19, la capacité limitée des infrastructures médicales et enfin l'insuffisance de tests pour pouvoir dépister ».
Dès lors, une flambée épidémie reste à craindre, alors que les conditions météorologiques à venir pourraient aussi être défavorables. MSF s'inquiète notamment de la situation nutritionnelle en Afrique de l'est alors que la saison des pluies qui arrive pourrait affecter les récoltes.
En plus de la fréquence des diverses maladies transmissibles mais aussi chroniques en Afrique, le continent est confronté à diverses problématiques qui pourraient aggraver la crise : « Surpopulation dans les grandes villes, pauvreté, précarité et promiscuité, insalubrité, manque d’eau et de savon, fragilité des systèmes de santé, instabilités socio-politiques, conflits armés sont autant de facteurs de risque de flambées épidémiques massives, en dépit des deux facteurs favorables que sont le climat tropical et la moyenne d’âge jeune de la population », liste l'ANM.
Mettre en place une réserve internationale de respirateurs
Face à ces constats, l’Académie nationale de médecine, en accord avec ses partenaires africains, a émis plusieurs recommandations. Elle incite à garantir des moyens de protection pour éviter la transmission nosocomiale du virus, à assurer la continuité des soins (vaccination et planning familial compris) et à renforcer la lutte contre les faux médicaments.
L'Académie préconise aussi de recourir aux automates utilisant le système GeneXpert déployés dans de nombreux pays africains pour le diagnostic de la tuberculose pour les tests RT-PCR du SARS-CoV-2, de promouvoir l’acquisition d’oxygène médical et de mettre en place une réserve internationale de respirateurs pour l’Afrique.
L'ANM précise que les essais thérapeutiques et vaccinaux en Afrique ne doivent être réalisés qu’après un accord formel des ministères de la santé et la validation par un comité d’éthique. Elle insiste aussi sur le consentement des collectivités concernant les décisions à adopter dans la lutte contre le Covid-19, et ce dans le respect des droits de l’Homme.
L'Académie appelle aussi à faciliter la collaboration entre les équipes scientifiques du Sud et du Nord. Des projets sont en cours ou vont être lancés. En particulier, l'Agence nationale de recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS) a sélectionné 32 projets après un appel à projets lancé début avril. Ils seront menés dans 27 pays à ressources limitées, dont 70 % en Afrique. L'un des essais, appelé COVID4P, vise a analysé la relation entre pauvreté, pollution, prévention et progression du Covid-19 au Burkina Faso.
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