Bon pied, bon œil

Accidents du sport, vigilance chez l’enfant

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Publié le 25/09/2020
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En dehors des fréquentes érosions superficielles, les traumatismes oculaires survenant lors des activités sportives sont potentiellement graves et menacent la vision. Leur survenue chez un enfant apporte quelques particularités évolutives et thérapeutiques.
Une forte prédominance masculine

Une forte prédominance masculine
Crédit photo : Phanie

Les traumatismes oculaires représentent 17,5 % des accidents liés au sport et, que ce soit chez l’adulte ou chez l’enfant, la prédominance masculine est nette (80 % des cas). Tous les sports peuvent être en cause, et particulièrement ceux de balle, de tir, de contact, etc. Leur fréquence connaît deux pics, de six à huit ans, avec surtout des contusions à globe fermé et de 12 à 14 ans, avec plus de plaies à globe ouvert. Globalement, on observe plus de traumatismes à globe ouvert que fermé, respectivement 55 vs 45 %. Parmi les traumatismes les plus fréquents, les chocs légers avec plaie des annexes (39 %), les fractures de l’orbite (29 %) les contusions à globe fermé (18 %).

Le Score OTC (ocular trauma score) établit une classification de la gravité du traumatisme sur 100 points en fonction de l’acuité visuelle initiale et de l’atteinte du globe oculaire – plaie pénétrante ou perforante, corps étranger intraoculaire, rupture du globe, endophtalmie, décollement de rétine, déficit pupillaire afférent relatif (absence du réflexe pupillaire consensuel).

Fort risque de décollement de rétine

Les complications sont fréquentes, 45 % d’hémorragies intravitréennes (HIV), 32 % de décollement de rétine (DR), 18 % de décollement choroïdien (DC). Le DR est d’autant plus à risque sur les yeux fragiles du fait d’une myopie forte par exemple, de décollement de rétine exsudatif comme les hémangiomes rétiniens ou choroïdiens, d’anomalies du développement de l’œil, ou après chirurgie des yeux.

« Chez l’enfant, ces traumatismes se caractérisent par le caractère amblyogène des hyphémas (présence de sang en chambre antérieure) et la résorption lente des HIV qui peuvent masquer des déchirures de la rétine, explique la Dr Catherine Edelson, Fondation Rothschild (Paris). Les plaies cornéennes doivent être suturées rapidement, avec une ablation précoce des fils. Les lésions zonulaires s’associent souvent à une cataracte, et requièrent une vitrectomie centrale. Une amblyopie et un glaucome secondaire peuvent survenir ultérieurement et nécessitent une surveillance au long cours. »

Une surveillance au long cours

La chirurgie est nécessaire dans 50 % des cas, des complications à type de diplopie ou de glaucome secondaire surviennent dans 25 % des cas, et la vision est menacée dans 10 % des cas.

En pratique, la prise en charge doit être précoce : fermeture immédiate des plaies cornéennes, recherche des plaies de la sclère, vitrectomie immédiate en présence d’endophtalmie ou de corps étranger intraoculaires. L’intervention sur le DR doit être faite dans les 15 jours.

Après chirurgie, les sports de combat font l’objet d’une contre-indication absolue. La gym, la natation, les sports d’endurance peuvent être repris un mois après chirurgie du segment antérieur, un à trois mois après en cas de DR, et toujours avec port d’une protection oculaire.

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Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin