Thyroïdectomie : un impact non négligeable sur la qualité de vie

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Publié le 10/11/2023
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Alors que les cancers thyroïdiens demeurent banalisés, leur traitement chirurgical pourrait impacter fortement et à long terme la qualité de vie des patients.

Crédit photo : TOLICOVA Ecaterina

Les cancers de la thyroïde restent parfois qualifiés de « bon cancer ». Cependant, des études soulignent leur impact et celui de leur traitement sur la qualité de vie des patients.

En France, l’enquête Vican s’est notamment penchée sur la vie sociale, sexuelle et professionnelle de plus d’une centaine de patients atteints de cancer de la thyroïde interrogés deux ans (Vican 2) puis cinq ans (Vican 5) après le diagnostic. La plupart des participants étaient des femmes de 30 à 50 ans, diagnostiquées à un stade précoce et traitées par iode radioactif et chirurgie – majoritairement par thyroïdectomie totale, associée à un évidement ganglionnaire dans la moitié des cas.

Résultat : ces personnes manifestaient une qualité de vie durablement altérée. À deux comme à cinq ans étaient relevés, chez nombre de participants, un gain de poids, une fatigue importante et des symptômes dépressifs, avec altération significative du jugement sur sa propre apparence physique.

Moins d’effets indésirables en cas de chirurgie partielle

Ces troubles impactaient la vie amoureuse : les relations de couple apparaissaient détériorées, les gestes affectifs plus rares, les relations sexuelles moins fréquentes, etc. Et ce, y compris à cinq ans. La vie professionnelle était aussi affectée, avec une prévalence des arrêts maladie plus élevée que dans le cancer de la prostate, par exemple. À cinq ans, 12 % des patients n’avaient pas repris d’activité professionnelle. Le taux global d’arrangement de poste de travail atteignait 40 %. Et au total, plus de 60 % des patients accusaient une baisse de revenus imputable selon eux à leur cancer.

D’où l’importance d’une préservation de la fonction thyroïdienne par une chirurgie moins radicale. D’autant que selon trois études récentes – dont un travail de MK Luddy et al. (J. Surg. Res., 2021) –, après une lobo-isthmectomie, moins de 2 % des individus rapporteraient une asthénie et une fatigue chronique – contre 25 à 36 % des patients soumis à une thyroïdectomie totale.

D'après la table ronde : Cancer de la thyroïde : préservation, désescalade et qualité de vie


Source : Le Quotidien du médecin