COP21 : les pneumologues s’alarment des effets du réchauffement climatique

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Publié le 26/11/2015

Crédit photo : PHANIE

À quelques jours de la tenue à Paris de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), la Fédération française de pneumologie (FFP) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF) ont rappelé la nécessité d’une « réduction des gaz à effet de serre et de la pollution de l’air afin de préserver la santé respiratoire ». Ils notent que les réglementations strictes adoptées en Californie ou en Suisse ont permis d’améliorer le développement pulmonaire chez l’enfant et la fonction respiratoire chez l’adulte.

« Depuis qu’Autolib’ (service parisien de voiture électrique en libre service) a été mis en place, 20 000 tonnes de CO2 et une grande quantité de particules fines ont été épargnées », explique le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie du CHIC de Créteil et président de la FFP.

Les pneumologues plaident pour une « prise de conscience » de la communauté médicale qu’ils estiment ne pas être « en avance sur le sujet ». S’ils reconnaissant certains progrès réalisés grâce à la création d’un réseau de conseillers médicaux environnement, ils rappellent que ces derniers « ne sont compétents qu’en matière de qualité d’air intérieur et leur nombre est insuffisant pour couvrir les besoins ».

PM 2,5 : ennemi public n° 1

Principal polluant accusé : les microparticules inférieures à 2,5 µm, ou PM 2,5. « Les filtres sur les voitures a considérablement réduit l’émission des macroparticules, explique le Pr Philippe Delaval, président de la SPLF, mais sont inefficaces contre les particules plus petites qui passent le système mucociliaire et vont dans le poumon profond où les macrophages vont tenter de les éliminer, parfois sans succès ». Ces particules restent longtemps dans les voies aériennes où elles provoquent des inflammations chroniques à l’origine de fibroses. Elles peuvent en outre passer dans le sang où on les soupçonne d’avoir un effet sur le risque cardiovasculaire.

Selon les données relevées par l’Institut de veille sanitaire (InVS) dans le cadre du projet européen Aphekom, si les concentrations moyennes annuelles PM 2.5 respectaient la valeur guide de 10 µg/mètre cube, environ 2 900 décès prématurés pourraient être évités chaque année. Cela représente un gain moyen d’espérance de vie allant de 3,6 à 7,5 mois, selon la ville, et une réduction des coûts de santé d’environ 5 milliards d’euros par an.

La pollution parisienne bientôt mieux cartographiée

Afin de mieux cartographier la pollution parisienne, la mairie de Paris va équiper, lors de la COP21, l’ensemble de la flotte d’Autolib’ de capteurs de PM2,5. « Cela permettra aux cyclistes d’éviter les lieux les plus pollués, et de faire avancer nos connaissances sur les conséquences de la pollution », espère le Pr Housset.

Les pneumologues reconnaissent un manque de données sur les complexes interactions entre les polluants primaires (oxydes de soufre, dioxyde de carbone, composés organiques volatiles) les polluants secondaires (ozones, microparticules), l’augmentation de la température moyenne et la santé.

« L’inflammation provoquée par l’ozone, dont la concentration est augmentée par le réchauffement, provoque des phénomènes de remodelages chez les patients asthmatiques qui peuvent être définitifs », poursuit le Pr Delaval.

L’effet du réchauffement climatique sur les allergies est mieux connu. L’augmentation de la température moyenne allonge les durées de pollinisation tandis que les plantes très allergènes comme l’ambroisie colonisent de plus en plus d’espaces. « On s’attend à une multiplication par 4 de la présence d’ambroisie dans l’air », prédit le Pr Housset. Il existe en outre une synergie entre ozone microparticule et pollen et une exacerbation possible des allergies aux pollens par les orages de plus en plus fréquents. En France, les allergies respiratoires ont déjà triplé en 20 ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr