Exposition prénatale aux polluants

Des effets délétères à long terme

Par
Publié le 07/09/2017
Article réservé aux abonnés
pollution

pollution
Crédit photo : Phanie

La pollution de l'air est un des risques importants auxquels sont soumises les populations les plus vulnérables, comme les nouveau-nés et les enfants, mais aussi les enfants à naître. Ces polluants sont très variés, et proviennent, pour l'extérieur, essentiellement du trafic automobile et de l'activité industrielle et, pour l'intérieur, du tabagisme et de la combustion des produits de chauffage.

L'impact délétère de l'exposition aux polluants pendant la grossesse est aujourd'hui bien démontré. Les modifications physiologiques au cours de la grossesse, comme l'augmentation de la fréquence respiratoire ou l'accumulation de graisses, favorisent la concentration des polluants dans l'organisme. Et, alors que la demande en oxygène est accrue, une augmentation des taux de monoxyde de carbone se traduit par une moins bonne oxygénation du fœtus, qui peut altérer le développement pulmonaire et favoriser la survenue d'une hypertension artérielle pulmonaire primitive.

Certains polluants, en particulier la nicotine, traversent la barrière placentaire, tandis que d'autres induisent une inflammation ou modifient des cascades impliquant des facteurs de croissance. Ainsi, l'exposition tout au long de la grossesse aux particules fines PM10 et au dioxyde d'azote (NO2) entraîne des modifications des biomarqueurs dans le sang de cordon, avec des taux élevés de FMS-like tyrosine kinase et, a contrario, des taux moindres de facteurs de croissance placentaire, correspondant à un état anti-angiogénique avec possible dysfonction placentaire.

Prématurité, petit poids de naissance

Différentes revues systématiques de la littérature ont mis en évidence des associations entre l'exposition in utero à certains polluants et le risque de petit poids de naissance (CO, NO2 et particules fines PM2,5 et PM10) ou celui de prématurité (SO2 et PM10). Une association significative a également été retrouvée entre l'exposition maternelle au CO, au NO2 et aux PM2,5 et PM10 et la survenue d'une obstruction bronchique débutant à l'âge de 5 ans et persistant entre 6 et 11 ans. L'exposition au cours de la grossesse au NO2, PM2,5, PM10 et aux hydrocarbures aromatiques polycycliques est de son côté associée un risque accru de sifflements, de toux et d'infections respiratoires basses dans l'enfance.

Multi-exposition

Comme le souligne la Dr Judith Voynow (Richmond, États-Unis), l'étude de l’effet de l'exposition aux polluants pendant la grossesse est complexe, car les femmes enceintes peuvent être exposées à de très nombreux produits, à des concentrations et pendant des durées variées. De plus, d'autres facteurs interviennent, comme le statut socio-économique ou le stress, qui participent à l'exposome maternel.

En matière de polluants, il semble y avoir des fenêtres de susceptibilité, selon les données d'une étude épidémiologique récente, la Boston birth cohort. Le suivi de 736 enfants nés à terme a montré que l'exposition de la mère aux PM2,5 pendant une période spécifique (de la 16e à la 25e semaine de grossesse) est associée à une augmentation du risque d'asthme à l'âge de 6 ans, chez les garçons mais pas chez les filles.

D'après la session «Prenetal exposure to pollutants and lung disease», Judith Voynow(Richmond, États-Unis)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9599