La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) s’est penchée sur la trajectoire des 106 000 patients passés en soins critiques — réanimation plus soins intensifs ou surveillance continue — pour infection à Covid-19 lors des trois premières vagues épidémiques. Leur devenir à un an a été comparé à celui des patients hospitalisés en soins critiques pour grippe sur la période 2014-2019 (1). Ce second rapport vient compléter un premier travail (2), centré sur la prise en charge en soins critiques qui est grevée de 25 % de mortalité intra-hospitalière -40 % en cas de ventilation invasive — et ce, malgré la faible proportion d’antécédents pulmonaires (20 %).
Aujourd’hui, ce nouveau rapport de la Dress met en évidence 7 % de mortalité dans l’année pour les survivants. Donc une évolution bien plus défavorable de celles des patients admis en soins critiques pour grippe.
Trois fois plus de transferts en SSR qu’après la grippe
L’étude porte sur 106 000 patients admis en soins critiques pour Covid-19, dont 25 000 lors de la première vague (du 1er mars au 30 juin 2020), 33 000 lors de la deuxième vague (du 1er juillet au 31 décembre 2020) et 48 000 lors de la troisième vague (du 1er janvier au 30 juin 2021).
À noter, le recours à la ventilation mécanique avec intubation — 34 % des patients au total — a baissé après la première vague, au profit de techniques de ventilation moins invasives.
En intrahospitalier, globalement 25 % des patients sont décédés, la mortalité atteignant 40 % lors d’intubation mécanique invasive, tous âges confondus. Restent 80 000 patients sortis vivants de l’hôpital.
À leur sortie, 15 % de ces survivants ont été transférés en soins de suite et réadaptation (SSR). Ces transferts augmentent avec l’âge. On est à moins de 5 % avant 40 ans, versus 21 % passés 70 ans. Ils sont aussi singulièrement majorés (31 %) lorsqu’il y a eu ventilation mécanique invasive.
Par comparaison, après admission en soins critiques pour grippe, les transferts en SSR ne concernaient que 5 % des survivants (8 % après ventilation invasive). « Les transferts en SSR concernent donc trois à quatre fois plus de patients post-Covid-19 que post-grippe », résument les auteurs.
« Ces transferts sont surtout liés à une atteinte respiratoire — 40 % des cas, avec une durée médiane de séjour de 24 [15-36] jours — ou à une atteinte neurologique — 17 % des cas, avec une durée médiane de séjour de 36 [21-58] jours — dont un tiers est des atteintes spécifiques à la réanimation. Par comparaison, en post-grippe la durée de séjour moyenne en SSR est de 12 [5-26] jours », ajoutent-ils.
Par ailleurs, 1 % des patients sont sortis en HAD (durée médiane : 19 j). Ce taux augmente avec l’âge.
32 % de mortalité à un an
« La mortalité à 1 an chez les survivants est relativement faible, de 7 %. Ces décès interviennent d’ailleurs pour beaucoup peu après la sortie : 85 % surviennent dans les 50 premiers jours. Résultat, à 1 an, on cumule autour de 32 % de décès. Cette mortalité est du même ordre que celle associée à une infection grippale sévère avec admission en soins critiques (30 % à 1 an) mais avec des cinétiques bien différentes », notent les auteurs. En effet, bien plus de patients décèdent davantage en intra-hospitalier lors de Covid-19 que lors de grippe, il y a au contraire plus de décès l’année après la sortie post-grippe que post-Covid-19.
Un tiers de consultations en pneumologie
Le rapport se penche aussi sur les conséquences pulmonaires associées à ces infections sévères à Covid-19. Parmi les patients sans aucun antécédent, 27 % ont consulté un pneumologue au moins une fois dans l’année. En outre, 1 % ont dû être réhospitalisés pour nouvelle insuffisance respiratoire aiguë ou pour emphysème pulmonaire.
Parmi ceux ayant eu une ventilation invasive, on atteint les 36 % de consultations en pneumologie et 2 % d’hospitalisations.
4 % d’entrées en dialyse
Les reins ne sont pas épargnés par l’infection. C’est même, d’après les autopsies, l’un des organes cibles les plus touchés après le poumon. Parmi les survivants ayant nécessité une dialyse au cours de leur hospitalisation, les deux tiers n’avaient pas d’antécédents rénaux. À leur sortie, près de 20 % ont consulté un néphrologue dans l’année, 13 % ont été réhospitalisés pour maladie rénale chronique et enfin 4 % sont entrés en dialyse. Quand, après grippe sévère hospitalisée en soins critiques, on est à 7 % de consultation en néphrologie, 4 % de réhospitalisations pour maladie rénale chronique (soit trois à quatre fois moins) avec en revanche le même taux de nouvelles dialyses, 4 %.
(1) Covid-19 : profils et trajectoires de prise en charge des patients après leur sortie de soins critiques. Dress. Études et Résultats, décembre 2022 ; n° 1248
(2) Covid-19 : prise en charge des patients en soins critiques au cours des trois premières vagues de l’épidémie. Dress. Études et Résultats, mars 2022 ; n° 1226
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