Dépression et troubles cognitifs des sujets âgés

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Publié le 01/04/2022
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Les troubles de la personnalité peuvent causer des troubles psychiques, mais aussi cognitifs. De nombreuses études sont en cours concernant l’association dépression tardive et maladie d’Alzheimer afin de mieux connaître les personnes à risque.
La dépression multiplie par deux le risque de survenue d’une démence à 5 ans

La dépression multiplie par deux le risque de survenue d’une démence à 5 ans
Crédit photo : phanie

La personnalité se modifie avec l’âge. « Les troubles de la personnalité surviennent lorsque les traits de personnalité deviennent rigides et inadaptés et qu’ils entraînent une souffrance psychologique pour le sujet lui-même et pour son entourage. Selon les études, les troubles de la personnalité affecteraient de 3 à 13 % des sujets âgés », a déclaré le Dr Benjamin Calvet (Limoges).

Le DSM-5 distingue dix types de troubles de la personnalité, classés en trois groupes. Le cluster A comprend des sujets au comportement bizarre et excentrique : personnalités schizoïdes, schizotypique et paranoïaque. Le cluster B comprend des sujets au comportement théâtral et capricieux : personnalités narcissiques, histrionique, borderline et antisociale. Enfin, le cluster C comprend des sujets au comportement anxieux et vulnérable : personnalités obsessionnelles, évitante et dépendante.

La personnalité, facteur prédisposant

« Les personnalités du cluster B (borderline ou histrionique) constituent des facteurs de risque aux troubles de l’humeur. La personnalité narcissique est un facteur de risque de dépression », a ajouté le Dr Calvet.

Selon d’autres approches dimensionnelles des troubles, les facteurs de risque de dépression seraient le névrosisme (instabilité émotionnelle, anxiété et l’irritabilité), la faible estime de soi et un score élevé de dépendance ou d’indépendance affective. Enfin, un score élevé d’évitement du danger augmente le risque de troubles cognitifs et de troubles affectifs (anxiété et dépression).

L’apathie, marqueur potentiel de dépression

La dépression du sujet âgé multiplie par deux le risque de survenue d’une démence à 5 ans. L’apathie est un symptôme clé de la dépression du sujet âgé et également un facteur de conversion démentielle dans les troubles cognitifs mineurs. Elle pourrait ainsi être un marqueur prédictif du déclin cognitif dans la dépression du sujet âgé. « L’étude Actidep, en cours actuellement, a pour objectif de quantifier l’apathie chez des personnes âgées déprimées. Pour cela, deux méthodes de mesures sont utilisées, afin d’estimer les anomalies de connectivité cérébrale structurale et fonctionnelle, de quantifier la perte neuronale et d’estimer la perfusion cérébrale : l’actimétrie et l’IRM cérébrale », a expliqué le Dr Gabriel Robert (Rennes). Si cette hypothèse se confirme, ce sera une étape importante dans le développement de méthodes diagnostiques non invasive dans le domaine de la psychiatrie du sujet âgé.

Place de l’amyloïde

Il a été observé que la récurrence des épisodes dépressifs favorisait la production d’amyloïde. La dépression est par ailleurs fréquente en phase prodromale de la maladie d’Alzheimer, moment du dépôt amyloïde. Ainsi, l’association dépression/amyloïde semblait évidente. Mais les données les plus récentes remettent en question cette hypothèse. « Il est aujourd’hui difficile de confirmer la relation de causalité amyloïde/dépression. L’amyloïde ne semble pas être un facteur de résistance aux antidépresseurs dans la dépression du sujet âgé. Cela reste à confirmer dans les analyses définitives de l’étude Asap, actuellement menée dans plusieurs centres en France. D’autres facteurs de résistance pourraient exister : vasculaires, atrophie hippocampique, troubles cognitifs, classe d’antidépresseurs, etc. », a précisé le Dr Thomas Desmidt (Montpellier). Ainsi, bien qu’il existe de plus en plus de preuves en faveur d’une association entre les symptômes dépressifs de fin de vie et la progression vers le déclin cognitif, les mécanismes sous-jacents ne sont toujours pas élucidés.

Session « Mieux phénotyper nos patients : quels sont les facteurs de vulnérabilité et de résistance des troubles affectifs de la personne âgée »

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin