Il était temps ! Selon les tout premiers chiffres que nous délivrons cette semaine, les revenus des médecins généralistes sont repartis à la hausse l’an passé. Activité en hausse et revalorisations expliquent cette embellie – qui reste néanmoins modeste – du fait d’une nouvelle hausse des charges des médecins de famille.
Meilleure que l’année 2012, mais pas extraordinaire... Ainsi apparaît l’année 2013 pour les revenus des médecins généralistes. Selon les toutes premières estimations dressées par l’UNASA – principale fédération d’AGA – sur la base de 16 411 médecins généralistes, leur bénéfice moyen se monte à 83 000 euros, soit une progression de 2,3%. C’est mieux que rien, même si ce n’est pas formidable, surtout après une année 2012 qui s’était terminée en négatif (-1,7%). Et, alors que l’inflation a tourné autour de 1% l’an passé, cela ne laisse qu’une petite marge d’évolution de pouvoir d’achat pour la profession.
[[asset:image:1446 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":["source UNASA"]}]]La modestie du rebond de 2013 est quand même une déception car tous les clignotants semblaient au vert pour permettre une reprise plus importante des résultats dans les cabinets. L’activité des généralistes est repartie l’an dernier, avec une grippe d’une longueur record qui a amené (de décembre 2012 à fin mars 2013) 3,5 millions de personnes à pousser la porte d’un cabinet de médecine générale à cette occasion contre seulement 1,5 million lors de l’épidémie précédente.
Parallèlement, la nomenclature du médecin de famille a pris aussi quelques couleurs avec trois revalorisations d’importance. D’abord le premier versement de la ROSP, en avril, qui s’est soldé par un bonus de 5 000 euros par praticien en moyenne cette année là. Ensuite, l’extension du forfait médecin traitant, à partir de l’été, qui s’est traduit par 5 euros supplémentaires par adulte hors ALD. Enfin, on relèvera aussi, à partir du 1er juillet, la majoration du C chez les plus de 85 ans, même si elle n’a produit ses effets que sur une demi-année. à noter, enfin, l’arrivée de nouveaux actes de sorties post-hospitalisation, mais qui semble plus anecdotique dans l’activité du généraliste.
+3,4% de progression pour les recettes
Au total, tous ces facteurs mis bout à bout ont fait progresser les recettes des généralistes. Présentant fin janvier le bilan des dépenses de l’année 2013, la Cnamts annonçait d’ailleurs une nette reprise de 2,8% du poste médecins généralistes. Un résultat qui – quoique n’incluant pas la prime de ROSP (comptabilisée sur 2012) – contrastait singulièrement avec l’évolution du poste en 2012 (-1,2%), faisant même passer la progression des dépenses généralistes devant celle des autres spécialistes (+ 2,7%).
On retrouve, grosso modo, cette croissance dans les comptes de résultats des généralistes de l’UNASA. En moyenne, les recettes d’un praticien enregistrent, en effet, une hausse non négligeable de 3,4%. Un résultat que l’on retrouve peu ou prou quel que soit le niveau de revenus des généralistes, même si le quart le plus aisé de la profession fait un peu moins (+ 2,8%).
La hausse insidieuse des charges
D’où vient alors ce « gap » de plus d’un point entre les recettes (+3,4%) et les revenus (2,3%) ? C’est une nouvelle fois du côté des charges qu’il faut chercher une explication. En 2013, les comptes des généralistes de l’UNASA traduisent des hausses de CSG, des hausses de loyers et charges locatives et, surtout, une progression assez nette des charges sociales personnelles.
C’est malheureusement logique si l’on se souvient des hausses de cotisations, l’an passé, sur le régime de base de la CARMF et, une fois de plus, sur l’ASV. Au total, cela s’est traduit par, en moyenne, 800 euros en plus à débourser par praticien cette année là. Ce n’est pas la première année que cela se produit… et ce n’est pas fini. Cela traduit une évolution préoccupante pour les médecins libéraux embarqués sur la pente savonneuse de la croissance de leurs frais professionnels (voir l’interview de Béchir Chebbah). Traduction statistique de cet état de faits : en 2011, un généraliste conservait encore en moyenne 57,4% de son chiffre d’affaires en bénéfice, en 2012, il n’en convertissait plus que 56,8% et, en 2013, il doit se contenter de 56,4%...
De maigres compléments salariés
Cette croissance molle des résultats dans les cabinets est d’autant plus préoccupante que l’on sait que la profession ne peut compter qu’à la marge sur des compléments d’activité salariés. Une récente étude de la Drees sur le sujet montre que, parmi les médecins libéraux, les généralistes sont ceux qui ont le moins recours au salariat pour arrondir leurs fins de mois. En moyenne, les rentrées salariées d’un omnipraticien représentent 6% de ses revenus. Un taux très inférieur aux 11% qu’un médecin libéral déclare en moyenne en revenu salarié.
[[asset:image:1456 {"mode":"small","align":"right","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]L’année 2014 sera-t-elle plus souriante pour les médecins généralistes ? C’est encore bien difficile à dire. On sait qu’il y aura environ 15% de primes suppplémentaires au titre de la ROSP. Et le C majoré des personnes âgées va s’étendre à l’ensemble des plus de 80 ans. Pour le reste, l’issue des négociations sur le travail d’équipe reste incertaine et il est probable que, de toute façon, elle ne prendra pas effet avant 2015. Tout comme le forfait médecin traitant enfant dont la création semble acquise, mais pas avant l’année prochaine.
Dans ce contexte, à moins d’une épidémie de grippe dès l’automne, seule une hausse du C pourrait doper la rémunération des médecins de ville. Il ne faut évidemment pas y compter pour 2014.