Dans les situations d’anaphylaxie de l’enfant, l’utilisation de l’adrénaline IM reste encore trop timide a déploré le Dr Chantal Karila (hôpital Necker, Paris) lors d’une session dédiée aux urgences en allergologie pédiatrique.
Plusieurs éléments peuvent expliquer ce constat dont les difficultés diagnostiques. Si l’association baisse de
la tension artérielle, gêne respiratoire et atteinte cutanéomuqueuse évoque d’emblée l’anaphylaxie d’autres tableaux sont moins parlant. « Les réactions cutanées peuvent être absentes ou retardées (20 % des cas) », souligne le Dr Karila, tandis que d’autres symptômes comme des signes digestifs peuvent être présents. De plus, chez le jeune enfant, le diagnostic est souvent difficile en raison de difficultés à décrire les symptômes et de signes cliniques non spécifiques (érythème, dysphonie après les pleurs, régurgitations) pouvant être banalisés.
Des craintes injustifiées
La sous-utilisation de l’adrénaline peut aussi s’expliquer par les craintes qu’elle suscite y compris au sein du corps médical. « Même le SAMU hésite souvent à conseiller, voire à faire l’adrénaline » regrette le Dr Karila. Pourtant, « en dehors de la myocardiopathie obstructive, exceptionnelle chez l’enfant, il n’y a aucune contre-indication à l’injection de l’adrénaline en IM chez l’enfant ». Et si les effets secondaires rapportés sont nombreux, ils sont le plus souvent peu graves (flush ou pâleur, tremblements, anxiété, palpitations, céphalées, malaises).
Enfin, l’adrénaline est parfois « concurrencée » à tort par les antihistaminiques ou les corticoïdes. « L’utilisation d’anti-histaminiques a été identifiée comme étant la première cause de retard à l’utilisation de l’adrénaline », indique le Dr Karila, tout en rappelant que « l’adrénaline est le premier traitement à administrer ».
Le pronostic de la réaction anaphylactique dépend pour beaucoup de l’utilisation ou non de l’adrénaline et de sa rapidité d’injection, tout retard étant un facteur péjoratif comme l’ont montré plusieurs études.
Un retard d’injection favorise aussi la survenue d’une réaction dite biphasique. Il s’agit d’une seconde réaction anaphylactique atteignant le plus souvent le même organe et pouvant intervenir jusqu’à 36 heures après les symptômes initiaux. Survenant cependant le plus fréquemment dans les six heures suivant le début de la symptomatologie, elle impose une surveillance médicale de 6 heures minimum après la dernière injection y compris si l’enfant a été traité à domicile et semble aller parfaitement bien.
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