L’efficacité des traitements biologiques (bDMARD) pour ralentir la progression du rhumatisme psoriasique (RPso) est bien reconnue. Néanmoins, le bénéfice potentiel de ces traitements dans la prévention du RPso chez les patients atteints de psoriasis cutané est moins bien établi. Or, environ 80 % des patients qui développent un RPso présentent auparavant un psoriasis. Des études en faveur des bDMARD ont été présentées lors du congrès de l’Eular.
Une étude rétrospective espagnole (1) s’est appuyée sur la base des données incluses dans Trinetx, un réseau mondial de dossiers électroniques qui a permis d’observer sur plus d’un million de patients atteints de psoriasis, l’incidence du RPso à cinq ans, en fonction du traitement biologique instauré en 1re et 2e lignes (anti-TNF, anti-IL12, anti-IL17, anti-IL23, anti-IL12/23). Les résultats ont été ajustés sur le sexe, la durée d’évolution du psoriasis, l’atteinte unguéale, l’IMC, la consommation d’alcool et de tabac ainsi que sur les traitements classiques antérieurs.
Un effet protecteur variable selon les traitements
Les résultats montrent que le risque de développer un RPso à cinq ans est diminué de 37 % chez les patients traités pour leur psoriasis par un anti-IL12/23 en 1re ligne et de 39 % chez les patients traités par anti-IL23, par rapport aux patients traités par anti-TNF. Chez les patients en 2e ligne de biothérapie, le risque est diminué de 32 % avec un anti-IL12/23 et de 31 % avec un anti-IL23 à trois ans par rapport aux patients traités en 1re ligne par anti-TNF. En 1re et 2e lignes de traitement, les anti-IL23 diminuent de 47 % le risque de développer un RPso par rapport aux patients traités par anti-IL17 à trois et cinq ans.
Ces analyses issues d’une très grande base permettent d’obtenir des données sur l’efficacité en vraie vie de ces traitements : anti-IL12/23 et anti-IL23 limiteraient les risques de survenue d’un RPso plus que les anti-TNF et les anti-IL17.
Des données à confirmer
Une autre étude portugaise va dans le même sens de protection articulaire par les biothérapies (2). Cette petite étude rétrospective a inclus 95 patients (âge moyen 52 ans) : 52 patients atteints de psoriasis et 43 souffrant de rhumatisme psoriasique.
Les résultats mettent en évidence deux facteurs influençant la survenue d’un RPso. En analyse multivariée, les antécédents familiaux de spondyloarthrite sont indépendamment associés à un risque plus élevé de développement de RPso (OR 2,80, IC [1,26 -6,23], p=0,01) alors que le traitement par bDMARDs est un facteur de protection. Les patients non traités par biothérapies présentent un risque plus élevé de progression vers un RPso (OR 10,31 IC [3,89 - 27,33], p<0,001).
Tous ces résultats méritent néanmoins d’être confirmés.
(1) Joven-Ibanez B et al. OP0010
(2) Azevedo S.Fet al. POS0988
Article suivant
Gonarthrose : à la recherche d’un effet antalgique longue durée
Psoriasis, peut-on prévenir l’évolution vers une forme articulaire ?
Gonarthrose : à la recherche d’un effet antalgique longue durée
Rhumatisme psoriasique, une nouvelle génération de thérapies ciblées dans les tuyaux
PR à début précoce ou tardif, même combat ?
Biothérapies et RPso : questionnement sur le risque de carcinome spinocellulaire
Des résultats prometteurs dans le lupus systémique
SMS Congrès Eular 2024
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce