Rotavirus : la vaccination n’est plus recommandée

Publié le 07/05/2015

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La recommandation de vacciner les nourrissons contre le rotavirus n’aura pas fait long feu… A peine un an demi après avoir l’avoir préconisée chez tous les nourrissons, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) vient en effet de faire marche arrière et de suspendre sa recommandation.

Cette décision, rendue publique aujourd’hui, fait suite à la présentation fin mars par l’ANSM de nouvelles données de pharmacovigilance qui mettaient alors en exergue la survenue d'effets indésirables (EI) graves avec « un taux de notification préoccupant par rapport à ceux observés avec d’autres vaccins pédiatriques ».

Au total, depuis le début de la commercialisation des vaccins antirotavirus en France et jusqu’au 31 octobre 2014, 201 notifications graves ont été recueillies, avec 47 cas d’invaginations intestinales (IIA) aiguës dont deux fatales. Face à ces chiffres, l’ANSM avait déjà appelé à la vigilance, tout en estimant que le bénéfice risque de la vaccination restait favorable.

Le HCSP vient de franchir un pas de plus en suspendant purement et simplement la recommandation de vaccination. « Du fait de l’évolution défavorable de certains cas rapportés d’IIA (décès, résections) probablement liée à une prise en charge tardive et ne pouvant exclure que de telles situations se reproduisent, le HCSP suspend la recommandation de vaccination des nourrissons contre les infections à rotavirus en population générale », indique l’institution.

L’hypothèse d’une vaccination ciblée sur les enfants les plus à risque a été évoquée mais « ni la littérature internationale relative aux pays industrialisés, ni les données épidémiologiques nationales ne permettent d'identifier des facteurs de comorbidité ou des facteurs de risque environnementaux (conditions de vie, zone géographique sur le territoire national) susceptibles de définir une population de nourrissons pour laquelle la balance bénéfice/ risque pourrait être plus favorable » précise le HCSP qui n’a donc pas retenu cette stratégie.

La vaccination reste praticable à titre individuel, dans le cadre de son autorisation de mise sur le marché. « Le médecin doit alors informer la famille de l’enfant vacciné du risque d’invagination intestinale aiguë et des manifestations cliniques devant motiver une consultation en urgence » rappelle le HCSP.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr