Accès aux soins : priorité à l'exercice collectif et aux tarifs opposables

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Publié le 02/10/2020
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La stratégie écolo pour attirer et fidéliser les médecins mobilise très souvent l'exercice regroupé et pluridisciplinaire (salariat en centre de santé ou mode libéral en cabinet de groupe ou en maisons de santé), avec la condition du sans dépassements d'honoraires. 

« Sur toutes les zones en tension pour le secteur I à Paris, on a identifié ce qui coince : d'abord le montant de l'immobilier », se souvient le Dr Bernard Jomier, ancien adjoint EELV à la santé d'Anne Hidalgo, sénateur et lui-même médecin généraliste. L'enjeu pour les grandes municipalités vertes, toutes confrontées à des départs non remplacés dans leurs centres ville, est d'attirer des jeunes, supposés plus enclins que leurs aînés à un exercice collectif aux tarifs opposables.

Et Les résultats sont au rendez-vous. « En 2018, les arrivées de médecins à Paris ont enfin commencé à combler les départs. C'est grâce à ParisMed », assure Anne Souyris, adjointe (EELV) à la maire de Paris, en charge de la santé publique. Le secret ? Mettre le parc social parisien à disposition à des libéraux regroupés en plusieurs spécialités et professions... pour des loyers très avantageux (70 euros le m2 contre 200). Depuis 2014, près de 200 jeunes généralistes se sont ainsi installés sur Paris. 

Dans les « maisons urbaines de santé » strasbourgeoises, les bailleurs sociaux portent également les murs de jeunes médecins en exercice coordonné. « Ils sont subventionnés par la ville », précise le Dr Alexandre Feltz, adjoint à la santé de Jeanne Barseghian, qui préside aux destinées de la capitale européenne. La mairie entend garder le cap du soutien immobilier pour développer le secteur I. 

Maisons de quartiers 

Le levier foncier, clé de l'attractivité, pourrait être imité par d'autres villes écolos importantes. « Bordeaux y pense », confie Sylvie Justome, adjointe chargée de la sécurité sanitaire, de la santé et des seniors dans la cité girondine. La mairie gagnée par Pierre Hurmic songe même à la création de « maisons de santé par quartier »

Le salariat séduit également. L'édile verte Anne Vignot prévoit un centre municipal de santé́ pour le nord-est de Besançon. À Grenoble, où travaillent déjà de nombreux médecins salariés au sein de plusieurs centres municipaux, le pionnier Éric Piolle veut lui aussi « fidéliser » grâce à de meilleures conditions de travail mais refusera le jeu de la « compétition territoriale » (lire page 3). 

La recette interpro plait aux écolos 

Hostiles par nature aux organisations verticales et centralisées, les élus écologistes croient davantage aux vertus des acteurs de terrain et du sens collectif. C'est pourquoi ils devraient accompagner les nouvelles communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), déjà perçues comme des innovations organisationnelles pertinentes. Ces collectifs de libéraux (médecins et paramédicaux), censés remédier à la fragmentation de la médecine de ville, sont pour les municipalités vertes un biais de dialogue avec les soignants. Et au plus fort de la crise sanitaire, les CPTS ont déjà démontré leur efficacité, à l'origine notamment de nombreux centres Covid qui ont permis de désengorger les urgences des hôpitaux et d'éviter des contaminations en salle d'attente. A Paris, Anne Souyris est enthousiaste : « Les CPTS ont sauvé des vies ».


Source : Le Quotidien du médecin