Des sociétés savantes vont déposer un recours au Conseil d'État contre le déremboursement des médicaments anti-Alzheimer

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Publié le 20/07/2018
alzheimer medicaments

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Crédit photo : PHANIE

Plusieurs sociétés savantes vont déposer, dans les jours qui viennent, un recours contentieux devant le Conseil d'État à l'encontre de l'arrêté publié le 1er juin 2018 dans le « Journal Officiel », fixant au 1er août le déremboursement d'Aricept (donépézil), d'Ebixa (mémantine), d'Exelon (rivastigmine) et de Reminyl (galantamine) et leurs génériques, indiqués dans le traitement de la maladie d'Alzheimer.

Les requérants sont la fédération des centres mémoires (FCM), la fédération française de neurologie, la société française de neurologie, la société française de neurologie, la société française de gériatrie et gérontologie, la société de neuropsychologie de langue française, la société française de psychogériatrie et de psychiatrie de la personne âgées, soutenues par France Alzheimer et France Parkinson. Ces sociétés savantes avaient déjà exprimé leur « désarroi » et leur « colère », dans une lettre ouverte à la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn. « Nous avons déjà des retours de neurologues qui mettent en évidence un effet nocif de l'arrêt brutal des traitements, explique au « Quotidien », Pr Pierre Krolak-Salmon, président de la FCM. On ne pouvait pas ne pas agir. »

Un avis « à charge » de la HAS

Le Pr Krolak-Salmon, explique que la requête portera à la fois sur le fond et la forme. Sur la forme, « l'avis de la commission de la transparence de la HAS n'a pas été rendu dans des conditions équitables. Les experts rassemblés étaient connus pour être à charge contre les médicaments », explique-t-il. Il rappelle notamment que Pr Olivier Saint-Jean, gériatre de l'hôpital européen Georges Pompidou et présidant de la commission de transparence qui avait préconisé le remboursement, est aussi l'auteur d'un livre qui qualifie la maladie d'Alzheimer de « construction sociale » plus que de « réalité médicale ».

Sur le fond, les sociétés savantes vont appuyer leur propos sur une revue de la littérature en faveur de l'efficacité des traitements qui doivent être prochainement déremboursés. « L'ensemble des instances internationales émettent un avis favorable sur le bénéfice-risque de ces médicaments », poursuit le Pr Krolak-Salmon. Ce dernier évoque les recommandations du NICE britannique, publiées en juin 2018, qui incluent le donépézil, la galantamine, rivastigmine et la mémantine dans les stratégies de traitement de la maladie d'Alzheimer.

Date limite au 28 juillet

Le Pr Krolak-Salmon cite aussi sur la revue de la littérature sur le donépézil, publiée par les centres Cochrane le 18 juin 2018. Jacqueline Birks (université d'Oxford) et Richard Harvey (université de Melbourne) y expliquent qu'au bout de 12, 24 ou 52 semaines, la prise de donépézil est associée à une amélioration des fonctions cognitives et des capacités à réaliser des activités quotidiennes. Ces traitements médicamenteux sont « pertinents » s'ils sont « associés à une aide psychosociale, à une aide à domicile, à une alimentation équilibrée, à des ateliers… », énumère le Pr Krolak-Salmon.

Les requérants ont jusqu'au 28 juillet pour déposer leur requête à l'encontre de l'arrêté du 1er juin. Ils déposeront une requête sommaire, qui pourra être complétée par la suite au cours de l'instruction du dossier.


Source : lequotidiendumedecin.fr