Pendant cinq ans, un encadrement original pour 2000 malades

ObePar, une prise en charge par forfait de la chirurgie bariatrique

Publié le 12/03/2020
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Face à la hausse du nombre d’interventions en chirurgie bariatrique, les CSO d’Île-de-France lancent une expérimentation visant à mieux préparer les patients et à mieux les accompagner dans la phase post-opératoire.

« La France est le troisième pays en termes d’actes chirurgicaux bariatriques » explique la docteur Séverine Ledoux, endocrinologue à l’hôpital Louis Mourier. Or, la prise en charge de l’obésité peine encore à respecter les recommandations de l’HAS en matière de préparation et de suivi de l’acte chirurgical. Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait : non prise en charge de certaines prestations par l’Assurance maladie, absence de coordination entre hôpital et médecine de ville ou encore difficulté à suivre le patient en période post-opératoire.

 Si bien que « les patients ne bénéficient pas tous d’une préparation adéquate et d’une surveillance post-opératoire. Et près de 50 % des patients sont perdus de vue à 5 ans après l’acte chirurgical » ajoute-t-elle, alors que la chirurgie bariatrique nécessite un suivi pluridisciplinaire sur le long terme.

Une offre forfaitaire

Face à ce constat, le projet ObePar, porté par les quatre centres spécialisés dans l’obésité (CSO) d’Île-de-France soutenus par l’ARS et la direction de l’APHP, se fait fort de mettre en place un parcours de prise en charge coordonnée entre l’hôpital et la ville. Il s’adresse dans un premier temps à des patients éligibles à la chirurgie bariatrique selon les critères de l’HAS, à l’exception des cas les plus sévères, tels que ceux atteints de BPCO, de cirrhoses ou des insuffisants rénaux en dialyse.

Trois forfaits annuels sont mis en place : la phase préopératoire, l’acte chirurgical avec la première année de suivi post-opératoire et le suivi du patient à partir de la deuxième post-opératoire ; ce dernier peut se répéter sur plusieurs années. Chaque forfait prend en compte l’ensemble des prestations nécessaires au suivi complet. Certaines sont déjà remboursées par l’Assurance maladie dans un parcours classique, d’autres ne le sont pas encore telles que des prises en charge par un diététicien, un éducateur sportif ou un psychologue. La réalisation de l’ensemble des consultations d’un forfait autorise le passage au suivant. « Cette démarche garantit une bonne prise en charge financière et médicale » assure l'endocrinologue.

Assurer la coordination

Ce suivi pluridisciplinaire s’articule autour d’une cellule de coordination et de la plateforme numérique Terr-esanté préexistante, adaptée aux besoins du programme. Le dispositif met en relation le patient avec une offre de soins de ville proche de chez lui et, dans le même temps, assure une meilleure coordination entre tous les acteurs (libéraux, publics et patients) impliqués dans le parcours de soins. C'est cet outil commun qui recueille les indicateurs de suivi de l’expérimentation et met à leur disposition un annuaire de professionnels et des informations relatives au parcours de chirurgie bariatrique.

Ce dispositif doit intégrer 2 000 patients durant les 5 années de cette expérimentation. « Le pari est qu’avec un meilleur suivi et une meilleure prévention des complications, on va faire des économies, précise la Dr Séverine Ledoux et diminuer le nombre de complications, de réhospitalisations et de réinterventions. On espère ainsi financer ce qui ne l’est pas à l’heure actuelle. Si cette expérimentation fonctionne, on pourra le généraliser au niveau nationalElle sera utile pour les établissements qui n’ont pas les moyens d’organiser une préparation et un suivi corrects ». Une évaluation à la fin de l’expérimentation doit déterminer si cette démarche a amélioré le rapport bénéfice-risque de la chirurgie tout en étant efficiente sur le plan médico-économique.

Antoine Vergely

Source : Le Quotidien du médecin