DE NOTRE CORRESPONDANT
LAND LE PLUS RICHE d’Allemagne, fort de 12,5 millions d’habitants, l’« État libre » de Bavière est aussi celui qui contribue le plus à la solidarité interrégionale, y compris dans le domaine de la santé. Les 50 000 médecins bavarois, dont 7 000 généralistes, ont dû accepter ces dernières années de participer plus que leurs confrères à l’équilibre du système… mais se sont véritablement révoltés depuis l’été 2010, en réaction à la volonté du gouvernement de supprimer les « contrats de médecins de famille » qui les unissaient à leurs patients.
Introduits ces dernières années dans le cadre de la concertation entre les organisations médicales et les caisses, ces contrats, un peu comparables aux forfaits des anciens « référents » ou des actuels « médecins traitants » français garantissaient des compléments d’honoraires aux généralistes, moyennant la tenue d’un dossier et un certain nombre d’actes de prévention. De plus, les patients qui acceptaient de s’inscrire, pour un au moins, chez un généraliste sous contrat bénéficiaient d’une meilleure prise en charge, et notamment de l’exonération du forfait de soins de 10 euros par trimestre.
L’été dernier toutefois, le gouvernement a décidé de ne plus autoriser les nouveaux contrats de ce type – particulièrement nombreux en Bavière – et annoncé qu’il rechercherait de nouvelles formes d’organisation des soins, y compris par un recours accru aux policliniques privées salariant des médecins. Ces annonces ont fait descendre, fin août, plusieurs milliers de médecins bavarois dans la rue, qui ont dénoncé tout à la fois la « privatisation de la santé », la fin des contrats et, plus globalement, le blocage de leurs honoraires et le durcissement de la rigueur. Le syndicat des généralistes, qui réunit 80 % généralistes de Bavière, est même allé plus loin, en suggérant à ses adhérents de se déconventionner totalement. Cette procédure, certes risquée et hasardeuse car inédite, aurait eu, selon le syndicat, l’avantage de lui permettre de pouvoir ultérieurement signer de nouvelles conventions avec les caisses… en exigeant alors le retour des contrats.
Déconfiture.
Dès lors, le ton n’a cessé de monter, tant avec le gouvernement qu’avec les caisses publiques – l’équivalent de nos caisses primaires – désireuses, elles aussi, de limiter le développement des contrats et d’introduire d’autres formes d’exercice… plus avantageuses pour elles. Début décembre, ces caisses ont estimé que la menace de déconventionnement des généralistes avait « rompu la confiance » et procédé à la dénonciation massivement leurs contrats avec eux. Le 22 décembre, l’assemblée générale des généralistes devait voter, lors d’un congrès extraordinaire à Nuremberg, ce déconventionnement collectif. Mais le congrès, ouvert sur fond de musique triomphale, a tourné à la déroute pour le Dr Wolfgang Hoppenthaller, le président des généralistes, à la pointe du combat depuis l’été. Alors qu’il lui aurait fallu 60 % des votes pour que le déconventionnement soit entériné, seuls 42 % des médecins ont finalement choisi de franchir ce pas. Le lendemain, le Dr Hoppenthaller a annoncé sa démission, laissant à ses successeurs dépités le soin de renouer les liens rompus avec les caisses.
Une défaite pour les médecins, une victoire inespérée pour les caisses : en découvrant que leur combativité est moins forte que ce qu’ils croyaient, les médecins pourraient bien, dans les mois à venir, subir de nouvelles « offensives » de la part du gouvernement et des caisses. Mais ce recul in extrémis de la base laissera des traces dans le paysage syndical du pays, avec le risque que la résignation, désormais, l’emporte sur la détermination…
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