L’accès à un logement : une étape clé pour se soigner

Publié le 14/04/2023
Article réservé aux abonnés
L’absence de logement entraîne nécessairement une répercussion sur la santé des individus, l’habitat étant un préalable à l’accès aux soins somatiques et psychiques pour les plus démunis. Le dispositif Un chez soi d’abord agit en ce sens.

Crédit photo : AFP

Difficile de soigner une personne sans habitat, l’absence de logement impactant nécessairement les priorités, au premier rang desquelles la recherche d’un hébergement. Des actions sont menées par les pouvoirs publics, notamment par la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), qui a expérimenté de 2011 à 2016, avant de le généraliser (décret de 2018), le dispositif « Un chez soi d’abord ». Ce dernier permet aux personnes sans abri les plus fragiles, souffrant de troubles psychiques et cumulant des grandes difficultés, d’accéder à un logement ordinaire et d’être accompagnées vers leur réinsertion. Entre 2018 et 2022, 32 dispositifs d’appartements de coordination thérapeutique (ACT) « Un chez-soi d’abord » ont été créés, permettant de couvrir 16 grandes métropoles et deux départements de l’Île-de-France avec 100 places chacun, ainsi que 14 grandes villes et villes moyennes avec 55 places chacun, soit au total 2 570 places ouvertes. « Les résultats du dispositif sont encourageants et montrent qu’il fonctionne, se félicite le Dr Pascale Estecahandy, médecin de santé publique, coordinatrice du dispositif « Un chez soi d’abord » au sein de la Dihal. Les personnes concernées se sentent mieux, sortent de la précarité et de l’errance médicale, et se maintiennent dans leur logement. » 85 % des bénéficiaires sont toujours logés deux ans après leur intégration.

Rétablir le lien avec le droit commun

Ils sont généralement repérés et orientés par le 115, les équipes mobiles, les maraudes, les urgences psychiatriques, les structures sociales, les accueils de jour ou encore les établissements pénitentiaires. Pour bénéficier du dispositif, des critères doivent être respectés. « Un diagnostic psychiatrique doit être posé et si ce n’est pas le cas, nous leur proposons de voir un psychiatre en précisant qu’en aucun cas, ils ont l’obligation de se faire soigner », précise le Dr Estecahandy. 69 % des bénéficiaires souffrent de schizophrénie et 31 % de troubles bipolaires. Ils doivent aussi être majeurs, en situation régulière – nécessaire pour les accès aux logements –, manifester un besoin élevé d’accompagnement et souhaiter entrer dans le dispositif. Lorsqu’ils l’intègrent, ils bénéficient d’un accès à un logement, l’objectif à terme étant qu’ils parviennent à payer eux-mêmes leur loyer. Si l’accès aux soins n’est en rien une obligation, généralement, les bénéficiaires sont volontaires pour se faire soigner. « Dès lors qu’ils disposent d’un logement, ils ont envie de le garder et cherchent à tout mettre en œuvre pour que cela se produise », indique le médecin, précisant que ce n’est pas toujours aisé. En intégrant le dispositif, ils doivent aussi accepter d’être accompagnés par une équipe médico-sociale et de la voir une fois par semaine, afin de retrouver des liens avec le dispositif classique de droit commun notamment l’accès à un médecin traitant. « L’équipe est présente pour accompagner le patient et peut aussi s’assurer qu’il suit correctement son traitement s’il en prend un », rapporte le Dr Estecahandy. En 2023, le dispositif devrait se déployer dans les territoires ruraux.

Laure Martin

Source : Le Quotidien du médecin