PAR LES Drs JULIEN GUILLOTREAU (1,2,3) , MATHIEU ROUMIGUIÉ (1,3), XAVIER GAMÉ (1)
LE SYNDROME d’épuisement professionnel ou burnout est défini par un ensemble de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel. Il peut toucher tous les secteurs d’activité, mais les professions dites « aidantes », impliquant un engagement relationnel important, comme celle des avocats, des enseignants et les professions de la santé, sont les plus exposées. L’internat et le clinicat sont des périodes d’apprentissage stressantes pendant lesquelles le médecin doit acquérir, au prix de longues heures de travail, des connaissances et les pratiques fondamentales pour faire face à ses futures responsabilités professionnelles. Récemment, en France, Pierre Blanchard a étudié la prévalence et les causes du burnout chez les internes en oncologie médicale et a rapporté un taux de 44 % de syndrome d’épuisement professionnel, responsable d’un désir de quitter la médecine ou d’une envie de changer de spécialité médicale chez respectivement 15 % et 11 % des internes.
Nous avons étudié durant l’été 2009 le burnout des membres de l’Association Française des Urologues en Formation (AFUF) qui regroupe internes et chefs de clinique en urologie. Un questionnaire a été envoyé sous la forme d’un courriel comprenant un questionnaire validé évaluant le burnout, appelé questionnaire de Maslach, qui comprend 22 questions renseignant trois dimensions distinctes : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la réduction de l’accomplissement personnel. Un score élevé pour l’épuisement émotionnel et/ou la dépersonnalisation signe un syndrome d’épuisement professionnel. Y était ajouté un questionnaire concernant les caractéristiques sociétales, démographiques et professionnelles.
Sur les 284 membres sollicités, 186 - 157 hommes et 29 femmes - ont répondu au questionnaire, soit un taux de réponse de 65,5 %. Il s’agissait d’internes dans 122 cas et de chefs de cliniques ou assistants dans 64 cas. La quotité travaillée hebdomadaire déclarée était en moyenne de 68 heures. Plus des trois quarts des répondeurs étaient mariés ou vivaient en couple et moins d’un tiers avaient un ou plusieurs enfants. Environ un tiers d’entre eux n’avaient pas de loisirs.
Concernant le syndrome d’épuisement professionnel, selon les scores d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et d’accomplissement, ils présentaient un niveau de burnout élevé dans respectivement 6 %, 22 % et 25,3 % des cas. Au total, 45 jeunes urologues, soit 24 %, présentaient un syndrome d’épuisement professionnel. Une analyse a été réalisée afin d’identifier des facteurs influençant la survenue d’un épuisement professionnel. Un temps de travail moindre et l’existence d’une vie extraprofessionnelle, symbolisée par une vie familiale et la pratique d’un loisir, ont semblé être des facteurs limitant le risque d’épuisement professionnel.
Au total, le taux de burnout dans la population des jeunes urologues est élevé (24 %), mais plus faible que ceux rapportés dans d’autres spécialités. Toutefois, il ne doit pas être négligé et ces résultats plaident pour la mise en place d’un dépistage systématique et de mesures préventives.
1. Service d’urologie, transplantation rénale et andrologie du Pr Rischmann, CHU, Toulouse.
2. Center for Laparoscopic and Robotic Surgery, Glickmann Institute, Cleveland Clinic Foundation, Cleveland, États-Unis.
3. Association Française des Urologues en Formation (AFUF).
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