EASD 2022

Hystérectomie, ovariectomie ou endométriose, quel risque ultérieur de diabète ?

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Publié le 10/10/2022
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L’hystérectomie est associée de manière consensuelle au risque d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. Peu d’études se sont penchées sur le lien avec le diabète de type 2 (DT2). Les résultats issus de la grande cohorte de femmes françaises E3N étaient, pour cette raison, attendus. Cette étude a été menée auprès de 81 144 femmes non diabétiques (moyenne d’âge 51 ans ; intervalle 45-60 ans à l’inclusion) suivies de manière prospective sur une moyenne de 16,4 ans. 17 141 femmes ont subi une hystérectomie (hors indication de cancer) et 2 672 femmes ont développé un DT2.

« D’après nos données, une hystérectomie augmenterait le risque de DT2 de l’ordre de 27 %, surtout si une ovariectomie est associée », résume le Pr Fabrice Bonnet (Rennes). La qualité de l’alimentation, le niveau d’activité physique et le surpoids ne semblaient pas modifier la relation entre hystérectomie et DT2. En revanche, l’âge de l’hystérectomie semble déterminant, les femmes opérées avant 45 ans ayant un risque global de DT2 augmenté de 52 % par rapport à celles du même âge n’ayant pas subi d’hystérectomie.

Préservation des ovaires

« En être conscient permet d’être particulièrement vigilant vis-à-vis de la surveillance métabolique de ces femmes, 15 à 20 ans après l’intervention, aux âges de 60-70 ans, souligne le Pr Bonnet. Par ailleurs, nos résultats suggèrent que le fait d’avoir une hystérectomie avec préservation des ovaires était toujours associé à un risque accru de diabète mais bien moindre en comparaison à une hystérectomie couplée à une ovariectomie. Lorsque c’est possible, préserver les ovaires apporte donc un bénéfice incontestable sur le plan métabolique. »

Parmi les hypothèses pouvant expliquer ces résultats, des traits dépressifs plus marqués chez les femmes hystérectomisées ont été observés. Or la dépression accroît le risque de diabète ultérieur. Par ailleurs, l’hystérectomie pourrait influencer la fonction ovarienne. Or plus la sécrétion ovarienne d’hormone anti­müllérienne est basse, plus le risque de diabète est élevé.

En revanche, une seconde étude n’a pas retrouvé d’association entre endométriose et risque de DT2, conformément à la littérature existante. « L’endométriose, pathologie inflammatoire locale, n’est ni un marqueur ni un facteur de risque du diabète de type 2 », résume son auteur principal, le Dr Patricia Vaduva (Rennes).


Source : lequotidiendumedecin.fr