Des avancées notables sont rapportées dans la dermatite atopique avec l’arrivée de la première biothérapie. Deux essais similaires de phase 3 ayant testé le dupilumab, chez respectivement 671 et 708 patients adultes ayant une dermatite atopique (DA) modérée à sévère résistant à un traitement local bien conduit ont permis de démontrer le bon rapport efficacité/tolérance de cet anticorps antichaîne alpha commune au récepteur IL4/IL13 (1). Le dupilumab a été agréé aux États-Unis par la Food and Drug Administration en mars 2017 et son autorisation de mise sur le marché est en cours d'examen au sein de l'agence européenne du médicament depuis la fin 2016. « Le dupilumab est désormais utilisé en France en autorisation temporaire d'utilisation (ATU) », a précisé le Pr Sélim Aractingi.
Nouvelle piste
D'autres biothérapies sont en cours de développement dans cette indication. Une étude de phase II menée chez des adultes a mis en évidence, versus placebo, l’effet positif d’un anticorps anti-IL31, le nemolizumab, sur le prurit mais pas sur l’eczéma et ce avec une tolérance satisfaisante (2).
Une nouvelle piste s’ouvre aussi avec l’ustékinumab, un anticorps monoclonal humanisé anti-IL12/23 déjà autorisé dans le rhumatisme psoriasique. Il a été utilisé en ouvert, dans un contexte compassionnel, chez 3 patients ayant une DA sévère et résistante (3), avec un certain succès. Toutefois, dans une étude de phase II japonaise ayant inclus 79 patients, l’ustékinumab évalué à deux posologies différentes n’a pas fait mieux que le placebo (4).
Une méta-analyse de 13 études portant sur un total de 103 patients ayant une DA sévère associée à un asthme dans 76 % des cas a souligné l’intérêt de l’omalizumab : la réponse a été excellente dans 43 % des cas et satisfaisante dans 27 % des cas (5). « La présence d’un taux d’IgE < 7 000 UI/ml était associée à la réponse et la place de cet anticorps anti-IgE doit être précisée », a indiqué le Pr Aractingi.
Autre domaine de la dermatologie qui bénéficie d’avancées notables : celui des toxidermies. Grâce à une analyse rétrospective de 64 cas colligés sur une période de 10 ans à Vancouver, on en sait un peu plus sur le poids des différentes classes thérapeutiques dans la survenue des toxidermies sévères, notamment du syndrome de Stevens Johnson. « Les anticonvulsivants sont la première classe impliquée, avec 25 % des cas qui leur ont été attribués », a rapporté le Pr Aractingi. Le rôle délétère de l’allopurinol est confirmé (20 % des cas), avec une surreprésentation chez les sujets asiatiques et une surmortalité (47 % vs 21 %).
Allèle et réactions cutanées
Une équipe taïwanaise a bien montré l’association entre l’allèle HLA B58 : 01 et les réactions cutanées à l’allopurinol, avec un risque multiplié par un facteur 23 toutes réactions confondues et par un facteur 44 pour les réactions les plus sévères (6). Ce même allèle est également à risque de réactions cutanées dans la population portugaise et la charge allélique (homozygotie) accroît ce risque. « En pratique, le poids de l'allèle est plus élevé que celui de l’insuffisance rénale, ce qui met l’héritabilité au premier plan », a souligné le Pr Sélim Aractingi.
D'après la communication du Pr Sélim Aractingi
(1) Simpson EL et al. N Engl J Med 2016;375:2335-48
(2)Ruzicka T et coll. N Engl J Med 2017;376:826-35
(3) D Weiss et al. J Am Acad Dermatol 76(1):91-7
(4) Saeki H et al. Br J Dermatol. 2017 Mar 24. doi: 10.1111/bjd.15493
(5) Wang HH et al. JACI http://dx.doi.org/10.1016/j.jaci.2016.05.038.
(6) Ng CY et al. Journal of Investigative Dermatology 2016(136):1373-81
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