Les effets secondaires attribuables à l’immunothérapie allergénique (ITA) restent peu documentés en dehors des essais cliniques, ce qui a conduit à réaliser une étude prospective dans la vraie vie dans 3 pays européens, la France, l’Allemagne et l’Espagne. Quelque 4 300 patients ont été inclus, âgés en moyenne de 23 ans en France, de 30 ans en Allemagne et de 26 ans en Espagne. « En moyenne, l’ITA a été débutée après plus de 7 ans de suivi médical, donnée qui confirme le délai classiquement rapporté », a précisé la Pr Jocelyne Just. La grande majorité des patients souffrait de rhinite allergique, mais un asthme associé ou isolé était rapporté dans la moitié des cas. Deux-tiers des patients étaient polysensibilisés, avec au premier plan les pollens et les acariens. Le Top 5 des pollens était représenté par les graminées, l’olivier, le bouleau, les cupressacées (cyprès, thuya…) et le plantain. « Il s’agissait le plus souvent d’une ITA unique, en phase avec les recommandations », a indiqué la Pr Just.
La voie d’administration variait selon les pays. La voie sublinguale était privilégiée en France (84,3 % des cas), alors que la voie sous-cutanée était préférée par les médecins allemands (73,3 %) et espagnols (93,7 %), différences à mettre notamment au compte des modalités de remboursement.
Plus d'effets indésirables en sous-cutanée
Au cours du suivi de septembre 2012 à février 2014, 109 effets indésirables ont été rapportés chez 90 patients sur un total de près de 260 000 doses administrées en sublingual et plus de 57 000 en sous-cutanée. L’incidence par pays était de 1,89 % en France, 3,29 % en Allemagne et de 2,43 % en Espagne. Les sujets ont le plus souvent présenté un seul effet indésirable (82 %), principalement urticaire (26 %), rhinite (23 %), dyspnée (17 %) ou toux (15 %). La plupart des effets indésirables se sont produits au cours de la phase d’augmentation des doses, et étaient majoritairement de gravité légère (71,6 %) et de résolution rapide. Vingt cas d’anaphylaxie sont survenus, qui ont tous guéri sans séquelles. « Aucun décès n’a été rapporté, mais l’adrénaline (toujours par voie intramusculaire) n’a été administrée que dans 65 % des cas, alors que les antihistaminiques ont été surutilisés, par médecins qui étaient pourtant expérimentés », a souligné la Pr Just. Les effets indésirables ont été plus fréquents en cas d’administration sous-cutanée et aucun effet indésirable sévère n’a été enregistré en cas d’ITA par voie sublinguale. Après la survenue d’un effet indésirable, le traitement a été arrêté une fois sur 5.
L’ITA aux pollens, le recours à la voie sous-cutanée avec des extraits naturels, la phase d’augmentation des doses et la présence d’un asthme à l’inclusion ont été identifiés comme des facteurs de risque d’effet indésirable. À l’inverse, une sensibilisation unique, une ITA aux acariens et une expérience de 20 à 30 ans du praticien sont apparues comme des facteurs protecteurs.
Cet observatoire confirme ainsi dans la vraie vie les données des essais cliniques. Quant au choix de la voie d’administration, « il dépend du phénotype du patient, en tout cas avec les produits et les doses actuellement utilisés », a indiqué la Pr Just.
D’après la communication de la Pr Jocelyne Just (Paris)
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