Personnes âgées

Le devenir des prescriptions après hospitalisation

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Publié le 30/04/2018
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Crédit photo : PHANIE

L’iatrogénie médicamenteuse est particulièrement importante chez les sujets âgés, et il a été estimé que de 30 à 60 % de ces effets indésirables pourrait être évités.

Une étude réalisée par le Dr Nicolas Rousselot (Bordeaux) a tenté d’évaluer le devenir des prescriptions médicamenteuses chez les plus de 75 ans après leur sortie d’hospitalisation, et de décrire les raisons des modifications apportées en ambulatoire. Cette étude observationnelle et prospective a suivi de septembre 2016 à janvier 2017 une cohorte de patients qui sortaient d’une hospitalisation (deux services) au CHU de Bordeaux avec au moins une prescription médicamenteuse. Le suivi s’est effectué sur trois mois après la sortie (interrompu si décès ou réhospitalisation). Les critères d’évaluation étaient les modifications de prescription médicamenteuses significatives (MPMS) : ajout, retrait, substitution, diminution ou augmentation de dose de médicaments significatifs (traitement de fond).

126 patients de 84 ans d’âge moyen (60 % de femmes) ont été inclus. Ils étaient porteurs notamment de comorbidités cardiovasculaires, de pathologies malignes, avaient été hospitalisés en moyenne 35 jours, et avaient 8,89 traitements significatifs à leur sortie. Parmi eux, 94 % avaient eu au moins une MPMS en cours de séjour.

64 des 73 patients (88 %) qui ont pu être suivis sur les trois mois ont eu plus d’une MPMS (en moyenne 3,5 par patient) dans un délai moyen de 21 jours après la sortie. Les principales modifications à trois mois portaient sur les anxiolytiques et hypnotiques, les antidépresseurs, les antalgiques (hors paracétamol), les inhibiteurs calciques et les bétabloquants (arrêt ou diminution de doses). Les médicaments ajoutés le plus souvent étaient les diurétiques, les IEC/ARA2, les IPP et les traitements urologiques. Les raisons des modifications, recueillies auprès des médecins, étaient l’apparition ou la réapparition d’une pathologie (37,50 %), un traitement devenu inutile (35,94 %), des effets indésirables (31,25 %), une adaptation à un résultat de suivi biologique (23,44 %), un avis spécialisé (21,88 %), un traitement plus adapté (20,31 %) ou encore un refus du patient ou de son entourage (12,50 %).

En conclusion, de nombreux changements de prescription sont observés au retour à domicile. Une coordination des différents intervenants paraît souhaitable pour espérer diminuer l’iatrogénie.

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9661