En raison de l’augmentation du trafic aérien mondial, qui était de 3,1 milliards de passagers (et 32 millions de vols) en 2013, et qui devrait atteindre 6,4 milliards de passagers (et 59 millions de vols) en 2030 selon les données de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), la question du lien entre voyage aérien et maladie thrombo-embolique veineuse (MTEV) est d’actualité.
Selon une étude de cohorte qui a porté sur 8 755 employés d’organisations internationales, le risque absolu serait modérément augmenté, et serait plus élevé en cas d’expositions répétées et dans les groupes à haut risque. Selon les recommandations de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), la fréquence de la MTEV est faible, entre 1 et 2 %, chez les patients présentant un risque faible à modéré et beaucoup plus élevée, entre 4 et 5 %, chez les patients les plus à risque. Une étude réalisée à Francfort a confirmé le risque globalement faible de MTEV et souligné son bon pronostic au long cours.
Identifier les personnes à risque
Aux États-Unis, la prévention de la MTEV fait appel à l’identification des voyageurs à risque, puis à des conseils en cas de vol de plus de 6 heures.
En France, la SPLF a émis des conseils simples valables dans tous les cas : hydratation suffisante, éviter les boissons alcoolisées, pratiquer des exercices des membres inférieurs pendant le vol. Elle distingue par ailleurs 3 classes de risque. Le risque est considéré comme faible pour une distance inférieure à 5 000 km ou une durée de vol inférieure à 6 heures. Dans ce cas, les conseils de prévention sont prodigués. Le risque est considéré comme modéré pour une distance supérieure à 5 000 km ou une durée de vol supérieure à 6 heures, et chez les passagers âgés de plus de 60 ans, ou de moins de 60 ans mais porteurs de varices ou sous traitement estrogénique (contraception ou substitution post-ménopause), ou chez les femmes enceintes. Dans ce cas, outre les conseils, il est préconisé de porter des chaussettes de contention de classe 2 (20-30 mmHg).
Place de l’anticoagulation prophylactique
Enfin, le risque est élevé pour une distance supérieure à 5 000 km ou une durée supérieure à 6 heures chez les passagers ayant des antécédents personnels de MTEV, une thrombophilie connue, un traumatisme, plâtre ou chirurgie de moins de six semaines, un cancer évolutif ou sous traitement. Dans ce cas la prévention repose sur les conseils de base, le choix d’un siège côté couloir et le port de chaussettes de contention de classe 2. Une injection d’HBPM à dose préventive avant l’embarquement peut-être envisagée. Pour des voyageurs dont le niveau de risque est faible ou modéré, une anticoagulation prophylactique n’est pas recommandée, contrairement à une idée reçue.
Sur le plan médico-légal, dans les pays ayant adopté la convention de Varsovie, la jurisprudence tend nettement à dégager le transporteur de toute responsabilité en raison de l’importance des facteurs de risque individuels.
* Université Paris Descartes ; Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Service de Pneumologie et Soins Intensifs, Hôpital Européen Georges Pompidou ; INSERM UMR 970, Paris
Article précédent
Turista, aucun pays ne met à l’abri
Article suivant
Une consultation à part entière
La peau a ses limites d’exposition aux UV
Du bon sens avant tout
Le strict nécessaire, pas plus…
Les morsures de poissons venimeux sont fréquentes
Voyager en terrain connu ne met pas à l’abri des risques
Turista, aucun pays ne met à l’abri
Le risque thromboembolique lors des voyages long courrier est faible
Une consultation à part entière
Ce que vos patients doivent savoir
La pathologie de l’effort au premier plan
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature