Le risque d’être piqué par un moustique varie en fonction de la destination (voire pour un même pays, la ville ou la campagne), la saison, le moment de la journée, la présence d’une épidémie. « Voyager impose de prendre des renseignements. La prévention n’est possible que si l’on connaît les risques auxquels on s’expose. Si les voyageurs consultaient les services de conseils aux voyageurs avant d’aller aux Antilles... ils apprendraient à se protéger et n’attraperaient pas le chikungunya », explique le Pr Philippe Brouqui, Maladies infectieuses et tropicales, Marseille.
Il recommande aux généralistes de « demander aux patients de les consulter avant tout voyage. Les Antilles, rarement perçues comme zone tropicale à risque en est une. L’Inde perçue à haut risque n’est à risque élevé qu’en campagne (faible en ville) ». Sites d’informations actualisés : CHU de Marseille (www.mit.ap-hm.fr), sante.gouv.fr, medecine-voyages.fr (onglet renseignements pays).
L’anophèle pique le soir et à la tombée de la nuit
Vecteur de paludisme, l’anophèle femelle pique dès le coucher du soleil à l’apéro et au dîner puis la nuit en zone tropicale. La protection antivectorielle (répulsifs, crèmes antimoustiques, vêtements amples imprégnés de perméthrine) est l’élément majeur de la prophylaxie. Se faire piquer est possible : les anophèles deviennent résistants aux répulsifs. D’où l’importance de moustiquaires (imprégnées ou non d’insecticide) et d’un traitement antipaludéen prophylactique adapté à la zone à risque.
Aedes, tout au long de la journée
Les Aedes eux, piquent tout au long de la journée. Se couvrir toute la journée et/ou se mettre régulièrement des répulsifs est impératif. Il n’y a pas de prophylaxie. Les Aèdes sont vecteurs de la dengue et du chikungunya. Avec son vecteur - Aedes albopictus ou moustique tigre (très répandu dans le monde plutôt à la campagne, le sud de la France, l’Italie…) et Aedes aegypti (Asie du sud est, dans les villes) -, la dengue a diffusé d’Asie vers Afrique, les USA et les Antilles. Le chikungunya (Aèdes Albopictus) s’est répandu dans l’océan indien, à la Réunion, en Afrique, dans le bassin méditerranéen. « En absence de protection toute la journée, le risque actuel est de revenir des Antilles avec le chikungunya », estime le Pr Philippe Brouqui. Dans les 18 départements de métropole où l’Aedes est présent, une fièvre au retour des Antilles, impose d’isoler le patient à l’hôpital (ou sous moustiquaire) le temps de la virémie (2 à 3 jours) pour éviter le risque d’épidémie autochtone s’il se faisait piquer par un Aedes. Ne pas négliger ce risque : l’épidémie aux Antilles coïncide avec la saison des moustiques en métropole.
Virus West Nile
Les larves sont parties d’Asie dans l’eau croupie de pneus exportés aux USA. Le virus West Nile est aujourd’hui endémique aux USA. L’infection est en général bénigne, mais de rares encéphalites sont possibles.
D’après un entretien avec le Pr Philippe Brouqui, Maladies infectieuses et tropicales, CHU Marseille.
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