L'étude PACTHE cinq ans après

Les bienfaits de la cure pour les patientes en rémission d'un cancer du sein se confirment

Par
Publié le 14/01/2019
Article réservé aux abonnés

Un accompagnement médical et paramédical multidisciplinaire de deux semaines en station thermale permet-il d’améliorer durablement la qualité de vie des femmes après un cancer du sein mis en rémission complète ? Pour répondre à cette question, le Pr Yves Jean Bignon, onco-généticien et directeur scientifique du Centre Jean Perrin (Clermont-Ferrand), lance en 2008 l’étude PACTHE. Il s’agit d’un essai contrôlé randomisé dans lequel l’effet sur la qualité de vie d’une intervention comprenant soins hydro-thermaux, éducations physique, diététique, soutien psychologique est comparé à l'effet d’un suivi hygiéno-diététique simple.

270 femmes

Cette étude inclut alors 270 femmes après traitement d'un cancer du sein (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie), réparties en deux groupes. Un groupe thermal de 135 femmes bénéficie des soins de suite en stations thermales (éducation nutritionnelle, accompagnement aux activités physiques, prise en charge psychologique, soins esthétiques, soins thermaux, kinésithérapie) pendant deux semaines en pension complète, puis d’un suivi hygiéno-diététique. Un groupe témoin de 135 femmes reçoit un suivi hygiéno-diététique simple. Le critère de jugement principal de l’étude est le score qualité de vie.

Les résultats sont publiés en 2013 dans le « European journal of cancer ». L’étude PACTHE montre que le gain de qualité de vie à 6 mois, mesuré par le questionnaire SF36, est significativement supérieur pour le groupe thermal. Il y a également une différence significative en faveur du groupe thermal concernant la dépression, mais pas l’anxiété. L’activité physique est nettement améliorée dans ce groupe ainsi que le contrôle pondéral, avec une différence de 5 % en faveur du groupe intervention à 12 mois. Par ailleurs, la qualité du sommeil est améliorée de manière importante et de façon durable dans le groupe témoin, sans que cela soit lié à la consommation d’hypnotiques.

« Alors que de multiples actions permettent d’améliorer la qualité de vie de façon transitoire, l’étude PACTHE a depuis montré que cela peut s’inscrire dans la durée, précise le Pr Bignon. En effet, dans un 2e article publié en 2017, nous constatons que le gain de qualité de vie à 5 ans est encore significativement supérieur pour le groupe thermal par rapport au groupe témoin. En outre, il s’agit bel et bien d’une amélioration globale de la qualité de vie, tant au niveau physique que psychique », complète le Pr Bignon qui, à plus long terme, entend également évaluer l’impact du programme sur les éventuelles rechutes.

« Cette étude a permis de montrer que les stations thermales sont adaptées pour les prises en charge post-cancer », complète le Pr Bignon. Celles-ci peuvent d’ailleurs se dérouler sous différentes formes : un séjour court à la charge de la patiente ; une cure thermale conventionnée pour des orientations en lien avec une prise de poids, des douleurs articulaires ou des problèmes dermatologiques ; une cure conventionnée avec un programme d’éduction thérapeutique du patient, pour des orientations métabolique, phlébologique, dermatologique ou psychosomatique.

Du côté des perspectives, il serait certainement envisageable d’« extrapoler » ce concept à d’autres cancers, à condition d’engager des moyens financiers pour la recherche clinique. Cependant, le programme pourrait d’ores-et-déjà être étendu aux cancers du sein moins lourdement traités : en effet, interpellée par les résultats de l’étude PACTHE, l’Assurance-maladie s’est dite intéressée pour financer une étude plus large. Encore à l’état de projet – elle pourrait voir le jour en 2019 -, cette étude associerait l’Assurance-maladie et le CNETh. Le Pr Bignon en serait l’investigateur principal. 

1 Stations thermales ayant participé à l’étude PACThe : Châtel-Guyon, Le Mont-Dore et Vichy.
2 AFRETh :Association Française pour la Recherche Thermale.
3 « British Journal of Cancer », 2017, Tome XXIII, volume 116, page 1389.


Source : Le Quotidien du médecin: 9715