Un nouvel outil en EHPAD

L'hypnose aide le sujet âgé à accepter la perte d'autonomie

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Publié le 08/11/2018
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Méditation sujets âgés

Méditation sujets âgés
Crédit photo : SPL/PHANIE

L’hypnose souffre encore de l'image véhiculée auprès du grand public d’hypnose-spectacle, source à la fois de fascination et de peur de perdre le contrôle de son corps et de son esprit. La réalité est pourtant tout autre puisqu’au cours d’une séance d’hypnose, les patients restent conscients et maîtres de la situation. Leur collaboration est même indispensable pour mener à bien le projet thérapeutique. Cet état hypnotique que l’on appelle communément « transe hypnotique » est un état de conscience altérée qui s’apparente à de la relaxation. 

La psychologue clinicien Raphael Leichner compare l’hypnose qu’il pratique en EHPAD à une thérapie cognitive comportementale. Elle permet de travailler avec le patient sur les ressources de son corps, sur son imaginaire et son environnement et de modifier les schémas de pensée. Elle ne peut être efficace que si le thérapeute a une connaissance profonde du patient et de sa problématique.

Un outil pour guider le patient

Le thérapeute propose l’hypnose pour accompagner, guider le patient dans la recherche de solution. Les indications de l’hypnothérapie sont nombreuses : dépression, anxiété, traumatisme, deuil, douleurs… Dans les EHPAD, l’hypnothérapie se révèle un soutien précieux pour accepter la perte d’autonomie et faire le « deuil de la maison » quand le maintien à domicile du patient n’est plus possible.

Dans le domaine de la douleur, l’utilisation de l’hypnose n’est pas nouvelle mais elle tend à se diversifier. L’hypnoanalgésie permet de suppléer à la sédation complète pour des raisons d’allergie ou de fragilité chez certaines personnes âgées ou lorsque l’étiologie de la douleur est incertaine. L’hypnose conversationnelle a pour objectif de « décentrer » le patient de sa douleur et de permettre aux soignants la pratique d’un soin (escarre douloureux) dans de meilleures conditions.  

Pour la mise en état d’hypnose ou de « conscience altérée », le thérapeute se réfère aux différentes phases décrites dans la littérature : phases pré hypnotique, de transe, d’induction et de retour à l’état conscient. Quant au script utilisé pour l’induction, c’est le thérapeute lui-même qui le compose et l’adapte en fonction du patient, de son histoire de vie, de ses goûts, de ses envies et de sa problématique. C’est dire l’importance des entretiens cliniques préliminaires. Le thérapeute va ensuite guider le patient pour réactiver ses ressources intérieures en vue de modifier le point qui pose problème.

L'hypnose fait partie des thérapies dites brèves puisque dans la plupart des cas 5 à 10 séances (15 à 60 mn/séance) suffisent pour obtenir des résultats probants. Si le résultat visé n’est pas atteint au terme de cette programmation, d’autres solutions doivent être envisagées. Chez le sujet âgé, la principale difficulté réside dans la diminution de certaines facultés sensorielles, particulièrement l’audition, rendant plus complexe les « inductions » du thérapeute vers le patient. Le travail en équipe pluridisciplinaire est capital, a souligné Raphael Leichner, pour un meilleur suivi du patient, surtout dans des institutions type EHPAD, à condition que tous les acteurs de santé soient familiers avec l’hypnose thérapeutique. 

Dr Isabelle Stroebel

Source : Le Quotidien du médecin: 9700