Les traitements « exotiques » de la dysfonction érectile (DE) sont très recherchés par les patients, en particulier sur le web. À côté de l’acupuncture, qui semble avoir une certaine efficacité dans les DE d’origine psychogène, de l’homéopathie ou de la chiropractie, il y a un marché florissant, mal évalué et mal régulé, de produits le plus souvent pris par voie orale et qui ne peuvent pas prétendre traiter la DE mais « promouvoir la santé sexuelle ».
« Il est important de les connaître pour aiguiller les hommes dans leur choix, et notamment les orienter vers des officines qui vendent des compléments alimentaires validés par les autorités », a souligné la Dr Charlotte Methorst.
Une efficacité difficile à évaluer
L’évaluation de l’efficacité des compléments alimentaires est complexe en raison de l’effet placebo, qui est d’autant plus important que les hommes s’auto-évaluent sur des critères subjectifs.
La L-arginine, précurseur du NO et dotée d’effets sur la fonction endothéliale, a fait l’objet de différentes études, avec notamment une efficacité versus placebo à la posologie de 5 g/jour, « soit celle utilisée dans le cadre des troubles de la fertilité », a précisé la Dr Methorst. Le Ginkgo biloba, riche en flavonoïdes, a également montré une certaine efficacité en association à la papavérine ou dans la dysfonction sexuelle secondaire à la prise d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, chez les hommes comme chez les femmes. Le panax ginseng, ou ginseng rouge coréen, qui lui aussi améliore la fonction endothéliale chez l’animal, a fait la preuve de ses bénéfices dans plusieurs études versus placebo. La yohimbine, qui a une action vasodilatatrice, fait mieux que le placebo dans la DE non organique, selon une méta-analyse de sept essais randomisés. « Mais le plus souvent, elle n’est pas réellement présente dans les compléments alimentaires censés en contenir », a mis en garde la Dr Methorst.
Le zinc est très prisé, mais les données des études sont discordantes. Le tribulus terrestris, l’herbe de bouc et l’ambre ont montré un certain intérêt dans des études chez l’animal et le maca et le muira puama chez l’homme.
Au niveau des aliments, le safran a donné des résultats contradictoires et les huîtres, le piment, l’avocat, le miel, l’hydromel ou le gingembre semblent dénués d’effet.
« Il y a actuellement un regain d’intérêt pour ces suppléments « naturels » parfois utilisés depuis des siècles, mais nous manquons encore de connaissances sur leurs effets et leur sécurité », a indiqué la Dr Methorst qui estime que le dialogue autour de ces produits est une bonne occasion d’inciter les patients à améliorer leur hygiène de vie.
D’après la communication de la Dr Charlotte Methorst (Saint-Cloud)
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