Courrier des lecteurs

Hydroxychloroquine : quelles études ?

Publié le 02/10/2020

On a beaucoup parlé d’études au sujet de l’Hydroxychloroquine, de celles qui auraient dû être faites, de celles qui ont avorté, de celles qui ont fait polémique, de celles qui ont été réalisées dans de mauvaises conditions. Bref, beaucoup de médiatisation donc, pas mal de flou garanti.

La meilleure

Aujourd’hui avec du recul, on peut affirmer que la meilleure d’entre elles… est certainement celle qui n’a pas été autorisée à voir le jour.

Un peu informelle, ça aurait été une étude de terrain, permettant aux généralistes de prescrire l’HDCQ dans l’indication exclusive : « tableau inaugural de type grippal suspecté ou confirmé Covid ». Nul doute que très vite, ils auraient pu tirer eux-mêmes leurs conclusions quant à l’efficacité ou non de la molécule et être assez grand pour juger s’il fallait continuer ou cesser de la prescrire.

Avec deux avantages en bonus. On aurait eu, dans le même mouvement, l’étude et ses conclusions, ce qui aurait permis de gagner du temps et dans le meilleur des cas de sauver peut-être des vies. Tout en tuant résolument dans l’œuf ce débat stérile, clivant et pénible qui, né avant le printemps, demeure encore bien vivace à l’automne.

Le pire

Alors que l’on dit aujourd’hui que l’HDCQ est inefficace, il semble un peu curieux qu’une étude ait pu conduire à autoriser sa prescription dès le début de l’épidémie, au stade de la réanimation dans l’indication : « patients détectés Covid dont l’état respiratoire s’aggravait ». Cette étude dont on a peu entendu parler (mais il y en a forcément eu une puisque l’on ne fait rien sans études) est donc sans nul doute la pire.

À ce propos, on est toujours dans l’attente de statistiques fiables concernant l’efficacité de l’HDCQ prescrite dans les services de réanimation à l’acmé de l’épidémie ? A-t-elle sauvé des vies ou aurait-elle accéléré certaines évolutions ?

La majorité des généralistes n’ont d’ailleurs pas compris comment on a pu leur interdire une prescription pour des malades au stade d’état grippal (patient encore debout sur leurs jambes) et l’autoriser chez les sujets au stade de difficultés respiratoires (donc déjà allongés et plutôt mal en point) quand on sait que ce médicament présente certaines contre-indications et précautions d’emploi justifiant qu’on le prescrive plus sur des patients debout que sur des patients couchés.

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Dr Bernard Riou Médecin généraliste, Vern-sur-Seiche (35)

Source : Le Quotidien du médecin